De deux discours l'un. Phénoménologie de l'existence et sémiotique de la présence
2015
Philosophe meconnu parmi les siens, meme si la publication en cours de son œuvre complete l’a replace recemment sur le devant de la scene, Henri Maldiney est quasi inconnu dans le champ des etudes semiotiques. Phenomenologue de l’existence, et non de la conscience, il reprend et reinterprete Husserl, Merleau-Ponty, avec une lecture critique des anciens grecs, de Hegel et d’Heidegger ; son cheminement est marque par ses rencontres et son dialogue avec la psychiatrie existentiale (Daseinanalysis : Binswanger, Khun), la Schicksalsanalyse de Szondi et la psychanalyse (Freud, Lacan, Pankov, Oury), aussi avec les artistes et poetes (Bazaine, Tal Coat, Ponge, Du Bouchet). Son regard sur la folie comme mode d’existence en echec de l’etre humain nous conduit a une vision anthropologique fondee sur les notions de presence et d’existence, ou la reflexion sur le corps et le langage occupe une place centrale. C’est ainsi que le rythme, tel qu’il est concu par Maldiney est un radical existentiel qui couvre les dimensions corporelles, psychiques et sociales, indissociablement. La notion de rythme ouvre a une perception et a une comprehension nouvelles et originales de l’esthetique-esthesique dans l’esthetique-artistique. Le rythme, qui s’origine du sentir (Stimmung) dans la rencontre avec le monde, est constitutif des formes se formant dans le mouvement qui genere l’espace-temps, dans une tension des opposes : la « Vie des formes » (H. Focillon) et le « Sens des sens » (E. Straus). La communication sensible avec l’œuvre d’art survient ainsi dans un moment pathique qui est ouverture a soi et au monde, en rupture avec les modes logiques et discursifs de la connaissance. Notre intention n’est pas ici de proposer un article encyclopedique sur le philosophe, a lire et a decouvrir, non plus de passer en revue les notions qui articulent une pensee unitaire et globale mais le premier apercu donne dans le paragraphe introductif fait entendre des echos avec la facon dont la semiotique, notamment dans certains developpements de la semiotique dite de l’Ecole de Paris, a negocie le virage phenomenologique en se recentrant sur les formes du sensible et le sujet percevant, faisant de la presence au monde une condition de la formation du sens, et dont la reference phenomenologique est, pour l’essentiel, l’œuvre de Merleau-Ponty. La designation de « semiotique de la presence » a ete proposee par Jacques Fontanille, a cote de « semiotique du monde sensible », nous la reprenons pour la commodite de la confrontation avec la phenomenologie de l’existence, centree sur la presence au monde. Pour evoquer un croisement eventuel des deux approches, avant d’interroger ce qui les separe epistemologiquement, nous nous interesserons, pour introduire le philosophe, a la notion de pathique, en lien avec le couple de la relation d’agentivite : agir / subir (pâtir), qui pourra faire signe aux semioticiens. Nous suivrons de pres la facon dont Maldiney apprehende cette notion tout en adoptant un point de vue plus personnel, de nature semio-linguistique.
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