Entre subversion et gouvernementalité : le droit d’expression collective des personnes détenues en France (1944-2014)

2016 
Cette these prend pour objet l’institutionnalisation d’un droit d’expression collective des personnes detenues en France. Elle repose sur l’articulation entre une demarche sociohistorique centree sur l’emergence de l’enjeu d’une participation des detenus a la gestion carcerale et une enquete de terrain par entretiens, observations et analyse de corpus documentaires menee entre 2011 et 2014 dans trois etablissements penitentiaires francais. Cette institutionnalisation est tout d’abord envisagee comme le prolongement d’une double histoire, reformatrice et subversive, de l’implication des prisonniers dans la gestion de certains aspects de la detention au cours la seconde moitie du XXeme siecle. Cette double histoire est abordee a travers le croisement entre recherches de modes alternatifs de gestion de la detention et auto-organisation des prisonniers sous les formes associative et syndicale. La these analyse ensuite l’emergence et la trajectoire de l’experimentation administrative « droit d’expression collective des personnes detenues » entre 2010 et 2011 afin de degager les logiques d’action mises en œuvre par les acteurs impliques, au niveau national ou local, dans la promotion, la critique et le fonctionnement de dispositifs participatifs experimentaux. Enfin, en analysant la contribution de ces dispositifs a la production de l’ordre en prison et les relations de pouvoir qu’ils impliquent, cette etude souligne la maniere dont la mise en participation de la « vie quotidienne » en prison exprime une forme de gouvernementalite carcerale specifique. Ce travail se presente ainsi comme une contribution a l’etude des transformations contemporaines de l’enfermement.
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