La pratique clinique à la lumière d’une réflexion philosophique : comment le concept de banalité du mal décrit par Hannah Arendt interroge notre responsabilité professionnelle…

2015 
Resume De nombreuses situations cliniques font apparaitre une certaine difficulte pour les professionnels a investir une reflexion concernant le bien-fonde d’une action ou d’un projet therapeutique : dans le cas singulier de cette personne malade, qu’est-il bien de faire, comment, et pourquoi… Le concept philosophique et politique de « banalite du mal », propose par Hannah Arendt en 1963 dans son ouvrage « Eichmann a Jerusalem », nous semble interessant a considerer lorsque l’on est un professionnel de sante conscient de la dimension ethique de notre exercice. Il ne s’agit pas de laisser penser qu’il y aurait dans le quotidien du soignant un « mal » comparable au « mal genocidaire » qu’etudiait Hannah Arendt. Il ne s’agit pas non plus de tenir pour verite absolue les reflexions de Hannah Arendt, en faisant fi des multiples controverses, dont on ne jugera pas de la pertinence. Il s’agit de se laisser interpeller par certains aspects du concept : le concept de « banalite du mal » vient destabiliser les professionnels que nous sommes, et favorise la conscience de la responsabilite et l’exigence de questionnement. On peut faire mal sans le vouloir, avec le sentiment confiant d’etre conforme a sa mission, a son devoir, a une pratique ordinaire. Il y a, dans ce concept, un appel a penser, soi, l’autre et l’action. L’objet de cet article est de permettre a tout professionnel de sante d’approcher la tension ethique inherente a certaines situations cliniques banales ; ainsi que d’identifier des reperes ethiques et philosophiques pour y reflechir.
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