Édition critique de la correspondance de Jacob Spon (1647-1685)

2013 
Notre these de doctorat porte sur la correspondance du medecin et antiquaire protestant Jacob Spon. Elle a pour objet de rassembler l’ensemble de ses lettres, afin de realiser une edition critique. La correspondance de Spon s’inscrit dans l’immense reseau europeen que forme la Republique des Lettres, qui, a l’epoque classique, echangeait savoirs, idees, decouvertes et services par le biais d’un intense echange epistolaire. Le savoir est un enjeu ; des strategies resiliaires s’elaborent, au moment ou L’Europe initie une critique radicale de l’heritage intellectuel herite de l’Antiquite et de la tradition chretienne. Les correspondances sont les vecteurs de l’echange des connaissances entre acteurs individuels ou collectifs.Chronologiquement, la correspondance de Jacob Spon s’etend sur environ vingt ans, de son depart de Lyon pour se former a la medecine, dans les annees 1665-1667 a son brusque exil pour le Refuge en 1685 apres la revocation de l’Edit de Nantes. Les correspondants resident dans la plupart des grands centres intellectuels de l’Europe occidentale, parmi lesquels Paris, Londres, Rotterdam, Leipzig, Francfort, Geneve, Florence, Milan… Les plis du savant protestant, a l’exception de quelques-uns, sont tous rediges a Lyon. A ce jour, nous avons recense 425 lettres : 290 lettres recues par Spon, et 135 envoyees a ses correspondants europeens.Nous avons degage cinq themes principaux presents dans la correspondance du medecin Lyonnais.-Les reseaux et les milieux sociaux frequentes par Jacob Spon. Le reseau familial constitue le premier cercle de sociabilite et permet d’entrer en relation avec d’autres reseaux plus etendus lies aux affinites intellectuelles, et principalement sur l’heritage antique greco-romaine sous tous ses aspects : philosophie, religion histoire, artefacts, vestiges... Son role de mediateur culturel au sein de la Republique des Lettres apparait en filigrane-La sensibilite religieuse. Plus qu’une pratique, la foi definit une partie de l’identite de l’erudit huguenot. Elle est aussi un discours qui se fonde sur deux arguments : le premier est celui de la liberte de conscience ; le second, plus original, tente de justifier la superiorite de l’Eglise Reformee par son anciennete, en se basant sur l’epigraphie et la numismatique et peu par les textes. Il convient de replacer cette originalite dans le contexte de controverse religieuse qui agite la France du XVIIe siecle.D’autre part, l’articulation religion-antiquarisme a contribue semble-t-il a une approche de l’art differente des conceptions calvinistes traditionnelles.-La tolerance religieuse. Contrairement a l’idealisation d’une Republique des Lettres faisant peu de cas de l’appartenance confessionnelle, nous souhaitons eprouver la notion de tolerance religieuse, que nous remettons en question, en nous appuyant sur le cas de Spon, qui souffrit de sa foi reformee dans la France precedant la revocation de l’edit de Nantes et affirma avec force son adhesion a la foi de Calvin.-La production et la diffusion de savoirs. L’erudit lyonnais est un des precurseurs de la demarche scientifique moderne. Il innova dans les domaines de sa competence, servi par un regard aiguise et une formation d’honnete homme. Il importe ici de saisir les mecanismes de production savante, et leur diffusion a l’ensemble des curieux par la voie des reseaux epistolaires.-La distinction entre sphere publique et sphere privee. Spon differencie dans sa correspondance ce qui releve de son for interieur et ce qui concerne sa position d’homme public, c’est-a-dire son for exterieur. Paradoxalement, cette separation est loin d’etre claire dans ses papiers. L’etude de ces axes nous permet de clarifier comment les savoirs savants s’elaborent et se diffusent, mais aussi de replacer la place de la religion, au sein de la Republique des Lettres dans les strategies de communication savante a partir du cas particulier de la correspondance de Jacob Spon.
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