Noms généraux et complexité discursive
2013
Qu'est-ce qu'on entend par complexite linguistique ? Pour les phonologues, la reponse a cette question serait a chercher dans la complexite syllabique (cf. Pellegrino et al., 2009). Pour les typologues, la reponse dependrait de la question de savoir s'il existe des langues plus complexes que d'autres en ce qui concerne un phenomene specifique. L'idee en cours est qu'il n'y a pas de differences notables de complexite, lorsqu'on procede a une comparaison globale des langues, c'est-a-dire en tant que systemes (cf. Changizi, 2001 ; Miestamo et al., 2008). En psycholinguistique, la complexite peut se mesurer en termes des difficultes d'interpretation de textes. Ainsi, un temps plus considerable dans la lecture d'un mot ou une lecture qui fait intervenir des retours oculaires constituent des indices de complexite (Gibson, 1998). Pour le theoricien de la langue, le grammairien, le mathematicien ou l'informaticien, l'evaluation de la complexite pourrait consister dans la quantite de regles a mettre en jeu ou dans le nombre d'elements requis pour assurer la bonne formation d'une sequence permettant la bonne transmission de tel ou tel message, ce qui veut dire en fin de compte que la complexite est un phenomene quantifiable ou 'algorithmisable' ou, encore, que la complexite se mesure en termes de cout et benefices (nombre d'elements requis pour telle quantite d'information obtenue ; nombre d'operations requises pour reduire l'incertain selon les theories des probabilites) (Shannon, 1948 ; Zipf, 1949 ; Kolmogorov, 1963 ; Lempel & Ziv, 1976 ; Ziv & Lempel, 1977). Pour les specialistes en morphologie, l'examen de la complexite pourrait passer, entre autres, par le crible de l'inflexion ou de la derivation. Par exemple, une langue avec peu de regles derivationnelles pourrait etre dite plus complexe du point de vue de son lexique qu'une langue ayant un systeme derivationnel developpe : la complexite ne s'observerait pas alors uniquement dans le processus de formation du en-tete de page paire lexique, mais aussi, comme produit secondaire, dans la taille du lexique, ou dans la relation du lexique avec la syntaxe puisqu'en l'absence d'un derive, une meme idee devrait alors etre exprimee par une chaine syntaxique (Juola, 1998 ; Guarisma, 2000). Si on evoque le domaine de la syntaxe, on pourra par exemple lier la complexite a l'hypotaxe. Plus precisement, au nombre mais aussi au fonctionnement des noeuds de subordination ou d'expansion, autrement dit au nombre et au fonctionnement des sequences structuralement incompletes et dependantes d'autres sequences (Givon & Shibatani, 2009) 1. Enfin, pour les usagers de la langue (les « non-linguistes »), il se peut que la reponse a cette question ait a voir avec l'effort implique dans la mise en pratique d'une certaine regle ou dans l'apprentissage d'une langue etrangere mais, a ce moment-la, deux locuteurs peuvent ne pas etre d'accord sur le jugement de ce qui merite d'etre etiquete 'complexe' (ou 'difficile'). Inutile de dire que des facteurs sociaux et donc externes a la langue peuvent influer sur l'evaluation de la complexite, ce qui suggere que la complexite est une notion relative. La tâche de circonscrire la notion de complexite en linguistique s'avere donc assez 'complexe'
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