Effet de l'interdiction de fumer sur le tabagisme dans des entreprises de la région parisienne

L'objectif de cet article est d'apprecier l'effet de la loi anti-tabac du 1 er novembre 1992 sur le tabagisme dans des petites et moyennes entreprises de la region parisienne. La methode a ete une synthese de quatre enquetes realisees par 12 medecins du travail entre juillet 1992 et juillet 1994, dans une meme population de 27 228 salaries repartis dans 3 261 entreprises. La presente etude est centree sur les 12 170 postes de bureau. La premiere enquete a mesure la prevalence du tabagisme dans la population (43 %) et dans les bureaux (44 %, N.S.). La deuxieme enquete, 2 ans apres l'application de la loi, a montre que la prevalence du tabagisme ne s'etait pas modifiee (respectivement 43 % et 45 %, N.S.). La troisieme enquete a etudie les 385 salaries ayant arrete de fumer 12 mois minimum dans les 3 annees precedant la loi. Parmi eux, 95 % l'ont fait sans aide exterieure. Dans la quatrieme enquete, les medecins du travail sont alles interroger, a leur poste, 1 070 salaries tires au sort dans des bureaux collectifs. Ils ont constate que la loi paraissait peu appliquee (11 % des bureaux) ; cependant, elle l'etait mieux dans les bureaux dont le responsable hierarchique etait non fumeur ou ancien fumeur (p<0,001). En France comme aux Etats-Unis, la prevalence des fumeurs chez les employes de bureau est similaire a la prevalence des fumeurs dans la population active totale. Toutefois, les prevalences parisiennes sont presque le double des americaines. En conclusion, l'arret du tabac est une demarche individuelle a declenchement plurifactoriel. Le seul apport d'une loi ne modifie pas le comportement tabagique des individus. En revanche, les medecins du travail peuvent ameliorer la prevention du tabagisme passif dans les bureaux en incitant les responsables hierarchiques a ne pas fumer.