Gouverner la ville: Bruxelles à l'épreuve de son internationalisation, 2001-2008

2009 
Cette these propose d’explorer les modalites de formation des savoirs urbains et leur processus de normalisation. Des lors, a rebours de la majorite des approches en vigueur en etudes urbaines, elle n’etudie pas les politiques urbaines a travers les acteurs qui les organisent ou les structures qui les determinent. De ce fait, en deplacant le champ d’analyse des acteurs et des structures vers la production des savoirs et de leur normativite, la these propose de revisiter les approches traditionnellement employees dans l’analyse des politiques urbaines contemporaines. Au plan theorique, ce choix se construit autour de deux courants sociologiques issus des sociologies dites « pragmatistes ». Premierement, la these developpe un travail ethnographique sur des situations spatialement et temporellement delimitees dans lesquelles se jouent des epreuves d’urbanites. Celles-ci revelent et distribuent les statuts des differents etres qui participent a la composition de l’urbanite de la ville. C’est donc a l’examen de telles epreuves que peuvent se reconstruire les modalites de production de savoirs sur la ville qui donnent forme aux mondes urbains. Ce travail se complete ensuite d’une etude du processus de normalisation, inspire de la theorie de l’acteur-reseau. La notion d’epreuve est la concue comme un ensemble de situations ou s’observe la stabilisation de differentes formes de savoirs. Cette stabilisation peut ainsi se comprendre comme un processus de normalisation de certains cadres cognitifs qui conditionnent des manieres differentes d’agencer l’ordre urbain, c’est-a-dire de le gouverner.Au plan empirique, ce type d’approche implique l’etude de situations concretes ou se joue le gouvernement de la ville. De ce fait, la these structure la description du processus d’internationalisation de la ville a travers l’ethnographie de six situations specifiques ou le lien entre la ville et son internationalisation est mis a l’epreuve : un debat parlementaire, une assemblee consultative, la constitution d’un groupe de pression, une exposition d’architecture, une occupation artistique d’espace public et la production d’un guide touristique. L’etude de telles situations permet d’isoler cinq modeles du gouvernement de la ville (administrer, gerer, projeter, denoncer et imaginer). Ceux-ci sont observes autant dans leur version purement discursive au sein de l’assemblee parlementaire que dans le contexte materiel, discursif et visuel qui organise leur pratique dans les cinq autres situations. Cette etude permet ainsi d’aborder, en profondeur, une histoire tres contemporaine de l’internationalisation de Bruxelles qui montre la maniere dont certaines modalites de son gouvernement se sont developpees et stabilisees.Enfin dans une derniere partie, les differents modeles sont respecifies afin de saisir le processus de normalisation de certaines manieres de gouverner la ville. Cette respecification des modeles passe par l’exploitation de la notion de "regime" telle qu’elle est concue dans les sociologies pragmatistes, c’est-a-dire l'isolement, a partir des observations de terrain, d’un ensemble conventionnel qui ordonne la tenue des situations. Une telle respecification des modeles en regimes s’opere par l’intermediaire d’une grille d’analyse qui rassemble dix-sept valeurs correspondant a six regimes particuliers (les regimes d’enonciation publique, d’action, d’engagement, cognitif, figuratif et d’urbanite). Ceux-ci permettent d’apprehender dans le meme mouvement autant les modalites d’action retrouvees dans l’ensemble des modeles que le type d’urbanite auquel il fait droit. Dans un deuxieme temps, les modeles sont evalues dans leurs rapports reciproques afin de saisir les valeurs qui les caracterisent le plus par rapport aux autres. Enfin, ce travail permet de hierarchiser les differentes valeurs orientant les cinq regimes de gouvernement de la ville et d’evaluer les rapports de domination et de marginalisation entretenus entre les differents modeles.Une telle exploitation de l’hypothese des « regimes de gouvernement de la ville » permet ainsi de ne pas dissocier les modalites de gouvernement de la ville des situations dans lesquelles elles sont mises a l’epreuve. De ce fait, cette hypothese incite directement a un travail comparatif qui permettent leur reevaluation a partir de nouveaux terrains. L’examen de leur hierarchie permet en outre d’apprehender la question des rapports de force et de pouvoir non entre acteurs mais entre cadres cognitifs.
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