Histiocytose progressive féline, du diagnostic au pronostic : investigation d’une série de 11 cas
2015
Introduction L’histiocytose progressive feline (HPF), affection rare mais de plus en plus diagnostiquee, se presente initialement par une lesion tumorale cutanee indolente unique ou multiple, d’origine histiocytaire (cellules de Langerhans ou dendritiques) pouvant parfois progresser avec l’apparition de metastases (ganglionnaire, viscerale) et un pronostic sombre [1] , [2] . Cette etude presente 11 cas d’HPF confirmes : aspects cliniques, epidemiologiques, histologiques et immuno-histochimiques. Materiel et methodes Onze chats sont selectionnes sur les resultats histologiques et immuno-histochimiques associes. L’examen histologique est realise sur des prelevements fixes au formol tamponne 10 %, inclus en paraffine, coupes a 4 μm d’epaisseur et colores a l’hematoxyline eosine safran (HES) ± Giemsa (granulations metachromatiques), Schmorl (melanine), PAS (elements fongiques), Ziehl-Neelsen (mycobacteries). L’examen immuno-histochimique, sur sections en paraffine, utilise la technique d’immunoperoxidase indirecte - complexe avidine-biotine. Les anticorps primaires utilises sont : CD18 felin, MHCII, E-cadherin, Mib1 (Ki67) (pourcentage de cellules tumorales positives sur 8 champs a fort grossissement) ± c-Kit, MC-Tryptase, CD3, CD45/B220. Les differentes donnees epidemiologiques, cliniques, therapeutiques ont ete recoltees a l’aide d’un questionnaire adresse aux veterinaires traitants. Resultats L’âge moyen des chats atteints est de 8 ans (7/11 entre 9 et 14 ans [64 %] et 4/11 inferieurs a 4 ans [36 %]). Sept sur 11 chats sont des femelles castrees (64 %) et 4/11 des mâles castres (36 %). Onze sur 11 chats sont de race europeenne (100 %). Tous les chats presentent des nodules cutanes, uniques (8/11 [73 %]) ou multiples (3/11 [27 %]), de taille variable (de 4 mm a 6–7 cm). Les localisations les plus frequentes des lesions primitives sont les doigts et les extremites des membres (7/11 [64 %]). Trois sur 11 chats developpent d’autres nodules cutanes (27 %), 2/11 des metastases ganglionnaires confirmees (18 %). Pour 2/11 chats, des metastases sont suspectees (ganglionnaire et pleurale) (18 %). Sept sur onze chats sont actuellement vivants (64 %) avec un suivi de 6 a 12 mois : 6 sans progression de la maladie apres exerese chirurgicale complete seule et 1 avec progression du nodule apres biopsie seule. Quatre sur onze chats decedent des suites de la maladie (36 %) ; le delai entre le diagnostic et le deces est de 2,5 a 8 mois. Histologiquement, tous les nodules correspondent a une proliferation nodulaire peu delimitee dermique, parfois avec extension sous-cutanee, de cellules a morphologie histiocytaire presentant des atypies faibles, 0–2 mitoses par champ a fort grossissement, un epitheliotropisme (7/11 [64 %]), et une inflammation discrete a moderee associee. A l’examen immuno-histochimique, 11/11 (100 %) expriment le marqueur histiocytaire MHC II et le marqueur des cellules histiocytaire de Langerhans CD18. 10/11 (91 %) expriment variablement l’E-cadherin, marqueur d’adhesion cellulaire ( Pour les 4 chats decedes, le Ki67 est eleve (Ki67 > 7 %). L’E-cadherin est sous-exprimee dans 3 cas ( Les 2 chats sous radiotherapie locale ont un controle partiel de la tumeur primitive mais developpent de nouvelles lesions, des metastases et decedent. Discussion Nos resultats epidemiologiques et cliniques corroborent les donnees bibliographiques [1] , [2] , [3] , [4] . Le diagnostic differentiel histologique de l’HPF comprend les mastocytomes atypiques, les melanomes achromiques, les plasmocytomes, les xanthomes, les lymphomes, les inflammations granulomateuses, qui sont explores a l’aide de colorations histochimiques specifiques [3] . Les marqueurs immuno-histochimiques restent necessaires pour confirmer une HPF. A un stade avance, l’HPF reste indifferenciable d’un sarcome histiocytaire primitif. Seule l’evolution lente de nodule(s) cutane(s) permet de differencier ces deux entites [1] . L’utilisation du Ki67 et de l’E-cadherin, bien que non investiguee jusqu’a aujourd’hui, semble interessante dans l’evaluation du pronostic. L’exerese chirurgicale complete et precoce reste le traitement de choix. La radiotherapie peut etre envisagee pour le controle local de la maladie sans pouvoir prevenir sa progression. La chimiotherapie et les immunomodulateurs ne presentent pas d’efficacite prouvee pour les tumeurs histiocytaires chez le chat comme chez l’homme et le chien [1] . Conclusion Les mecanismes d’apparition de cette maladie restent a ce jour encore meconnus. L’evolution est tres variable, generalement indolente, avec un risque non negligeable et encore peu previsible de dissemination metastatique. Des etudes avec un plus grand nombre de cas sont envisagees. De plus en plus rencontree, l’HPF doit apparaitre dans notre diagnostic differentiel de nodule(s) cutane(s) felin(s) (HPF, autre tumeur, inflammation). Une collaboration entre cliniciens et pathologistes reste fondamentale pour diagnostiquer au mieux cette entite.
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