Influence de l’espèce de Candida dans un modèle humain de persistance fongique de type granulome
2015
Objet de l’etude Au cours des candidoses disseminees chroniques (CDC) et des candidoses cutaneo-muqueuses chroniques (CMCD), la reponse physiopathologique se caracterise par une persistance de Candida au sein des granulomes, accompagnee d’une incapacite de l’immunite cellulaire a eradiquer l’infection. Dans ce contexte, la nature precise de l’interaction hote-pathogene reste mal caracterisee. Aussi, le laboratoire EA 1155 IIciMed a recemment mis au point un modele humain in vitro de granulome a C. albicans permettant de decrire la cinetique de formation du granulome suite a l’infection de cellules immunitaires du sang peripherique (PBMC) issues de sujets sains. L’etude actuelle a vise a comparer la reponse granulomateuse pour 8 especes de Candida spp. Methode Notre choix s’est porte sur huit especes de Candida : C. albicans , C. dubliniensis , C. tropicalis , C. lusitaniae , C. glabrata , C. parapsilosis , C. kefyr et C. krusei (4 isolats cliniques par espece). Differents parametres ont ete etudies lors de l’infection de 10 sujets sains immunocompetents : la cinetique de formation, la variation du nombre, de la taille des granulomes, et l’evolution de la charge fongique selon les especes. Resultats Suite a l’infection des PBMC des sujets sains, nous avons observe la formation d’une reponse granulomateuse a partir de j4 puis une augmentation de la moyenne du nombre et de la taille des granulomes entre j4 et j6 post-infection pour le genre Candida . Toutefois, pour le parametre taille, la moyenne est differente selon les especes. Ainsi pour C. albicans et C. dublinensis , la taille moyenne a j6 est de 170 ± 18 microns, et pour les autres especes la taille moyenne est de 63 ± 8 microns. Dans un second temps, les charges fongiques a l’interieur du granulome ont ete calculees et comparees aux donnees de taille montrant a j6 une forte correlation positive ( r = 0,8485). Par ailleurs, alors que la multiplication fongique est controlee a j2 pour toutes les especes, l’evolution des charges fongiques differe ensuite selon l’espece. Deux types de profils se distinguent : le premier se caracterise par une augmentation plus ou moins importante de la levure a partir de j2 tandis que le second se traduit par une clairance progressive du pathogene. Une analyse comparative de ces differentes evolutions prenant en compte egalement les niveaux de charge fongique a j6, a permis de mettre en evidence 4 clusters d’especes. Trois clusters se rattachant au premier profil avec a j6 une charge fongique moyenne elevee (cluster 1 : C. albicans ), moderee (cluster 2 : C. dubliniensis et C. tropicalis ) et faible (cluster 3 : C. lusitaniae , C. glabrata et C. parapsilosis ). Le dernier cluster ( C. krusei et C. kefyr ) correspond au second profil d’evolution des charges. Conclusion Dans nos conditions, l’ensemble des resultats indique que l’interaction entre Candida et les cellules immunitaires de l’hote, passe par la formation de granulomes quel que soit l’isolat clinique en cause. Toutefois, des differences ont ete mises en evidence dans l’evolution de la reponse granulomateuse en termes de taille et de charge fongique en fonction des especes. La presence de filaments ou pseudofilaments au sein du granulome semble avoir un role important lorsque les especes de Candida persistent (clusters 1 et 2). Enfin, l’analyse de ces resultats indique une forte variabilite interindividu dans la reponse granulomateuse dont l’origine est en cours d’etude.
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