Enquête d’opinion au CHU de Saint-Étienne sur la pratique des autopsies médicales : faut-il réviser la loi de 2004 relative à la bioéthique ?

2011 
Resume Propos L’autopsie medicale a pour but de preciser les causes du deces d’un individu. Malgre le declin majeur et mondial de sa pratique depuis plusieurs annees, elle demeure un outil essentiel pour l’evaluation de la prise en charge diagnostique et therapeutique des patients. Nous avons mene une enquete au CHU de Saint-Etienne afin d’essayer d’identifier les facteurs pouvant influencer l’acceptation d’une autopsie et sa perception a l’echelle individuelle. Methodes Un questionnaire a ete distribue, d’une part, a des patients et, d’autre part, a des professionnels de sante de notre etablissement. Les reponses etaient anonymes et les questions portaient sur l’âge, le sexe, la profession, l’acceptation ou le refus de la pratique d’une autopsie sur leur propre corps en cas de deces, les motifs invoques pour l’expliquer et l’information (ou la formation) concernant cet acte recue anterieurement a l’enquete. Resultats Cent quatre-vingt-six patients ont accepte de repondre sur 197 interroges et 112 professionnels de sante ont renvoye le questionnaire rempli (77 medecins, 13 internes, 13 infirmieres, cinq cadres de sante et quatre aides-soignantes). Les resultats montrent une bonne acceptation de l’autopsie, puisque 86 % du public et 94,6 % des professionnels de sante ne seraient pas opposes a la pratique de cet examen (pour faire connaitre a leurs proches les causes du deces, pour permettre plus facilement le deuil, pour faire avancer la medecine). Les raisons de refus de l’autopsie sont relatives a la religion, a l’atteinte a l’integrite du corps, a la dignite et au respect du defunt et de sa famille. Par ailleurs, seulement 42,5 % des patients avaient deja entendu parler de l’autopsie medicale, 33,9 % des professionnels de sante avaient recu une formation sur ce sujet et 40,2 % d’entre eux avaient deja reflechi a l’eventualite d’un tel examen en cas de deces. Conclusion En recherchant un consentement direct aupres des individus, le taux de refus de l’autopsie est faible, mais l’information du public et la formation du personnel de sante restent insuffisante. La recherche d’une non-opposition, comme l’exige la loi actuelle, notamment en consultant les proches du defunt dans une periode douloureuse de deuil nuit considerablement aux prelevements d’organes sur personnes decedees. L’amenagement de la loi par la recherche d’un consentement direct inscrit dans le dossier medical (au meme titre que l’identite de la personne de confiance) serait vraisemblablement un des meilleurs moyens de lutte contre le declin de l’autopsie medicale (favorisant, tres probablement, du meme coup les dons d’organes). Cet amenagement de la loi devrait egalement s’accompagner d’une formation specifique des professionnels de sante et de campagnes d’information aupres du public.
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