Impacts psychotraumatiques et prise en charge thérapeutique des personnes impliquées dans les attentats de janvier 2015 en Île-de-France

2018 
Introduction Suite aux attentats survenus en Ile-de-France du 7 au 9 janvier 2015, Sante publique France et l’Agence regionale de sante d’Ile-de-France ont mis en place une etude epidemiologique de cohorte, IMPACTS, reprise actuellement par l’Inserm, afin de mesurer les consequences des attentats de janvier 2015 sur la sante mentale des personnes touchees, (etat de stress post-traumatique (ESPT), depression, troubles anxieux, addictions) et de decrire la prise en charge et l’accompagnement qu’elles ont recus. Methodes Des entretiens ont ete realises du 1 er juin au 31 octobre 2015 par des psychologues formes au psychotraumatisme aupres de 422 personnes : 190 personnes non intervenantes (population dite« civile » : victimes, endeuilles, temoins des attaques) et 232 intervenantes (forces de secours civile et associatives, sapeurs-pompiers, forces de l’ordre et d’intervention). Resultats Six mois apres les evenements, 18 % souffraient d’un stress post-traumatique, 20 % d’une depression caracterisee et 30 % de troubles anxieux. Un tiers des personnes se sont retrouvees dans l’impossibilite de travailler du fait de leur sante suite aux evenements et 6 % n’avaient toujours pas repris leur travail six mois apres ; 25 % des personnes avaient consulte un medecin pour un probleme de sante autre que psychologique qu’elles consideraient lie aux evenements. La frequence de ces troubles suivait un gradient selon l’intensite de l’exposition. Dans la population intervenante : 3 % ont presente un ESPT et 14 % au moins un trouble anxieux, les forces de l’ordre ayant ete les plus exposees et les plus endeuillees. Plus de la moitie de la population (intervenante et civile) a beneficie d’une prise en charge medico-psychologique ou recu une forme de soutien (pour les intervenants, principalement au sein de leur institution). Les personnes les plus directement touchees par les evenements ont le moins consulte de leur propre initiative (seulement 4 % des personnes civiles directement menacees ont consulte spontanement). Les facteurs associes a l’ESPT a six mois sont le score STRS (« Shortness of breath, Tremulousness », « Racing Heart and Sweating rating scale ») et un faible soutien social. Les facteurs qui favorisent la survenue de troubles depressifs ou anxieux (en absence d’ESPT) sont le sexe feminin, un faible niveau socioprofessionnel, un impact economique sur l’entreprise dans laquelle la personne travaille, et l’absence de prise en charge immediate par les services d’urgence medico-psychologiques. Conclusion Pour la population civile impliquee dans les attentats, l’enquete a souligne l’importance d’une prise en charge medico-psychologique precoce pour prevenir les effets a court et moyen termes sur la sante mentale. Le reperage et la proposition d’un accompagnement medico-psychologique de toutes les victimes – qu’elles soient temoins ou directement menacees – constitue un enjeu majeur car certaines d’entre elles ne pensent pas spontanement a consulter un professionnel de sante, ne savent pas ou s’adresser et/ou n’en parlent pas a leur medecin habituel. Ces resultats soulignent egalement l’importance de sensibiliser les professionnels de sante (a l’hopital comme en ville) a la problematique du psychotraumatisme pour assurer un relais efficace du suivi. Le suivi psychologique a plus long terme est en effet important a proposer et a consolider par des specialistes (psychiatriques ou psychologiques) dans le secteur hospitalier ou liberal.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    0
    References
    2
    Citations
    NaN
    KQI
    []