Nord-Pas-de-Calais, Fréthun, Allée des Charmes. Occupations rurales en bordure de la plaine maritime du XIIe au début du XVIe siècle : rapport de Fouille.

2015 
Quatre phases d’occupation ont pu etre observees. La premiere est anecdotique et n’a pu etre datee avec precision. Elle est anterieure a la phase de la seconde moitie du XIIe siecle et a livre un nombre indigent de tessons dont les productions sont globalement medievales. Elle se compose de troncons de fosses de faible epaisseur formant des parcelles orientees nord-ouest/sud-est. L’absence de dechets domestiques fait penser que les parcelles avaient une fonction de pâturage ou de mise en culture. La presence d’un systeme d’entree en chicane indique sans doute une fonction axee sur le parcage d’animaux. La deuxieme phase, datee de la seconde moitie du XIIe siecle, est mieux documentee. Elle se constitue d’une occupation en parcelle lanieree avec une repartition tripartite de l’espace. Un reseau de trois fosses forme une parcelle en "U" de 506 m², orientee sud-ouest/nord-est. Dans le fosse le plus a l’ouest, une palissade sur poteaux de bois vient renforcer l’idee de limite parcellaire. Le fond de parcelle est un espace dedie au stockage. En effet, deux structures circulaires et semi-circulaires, l’une reliee a un fosse, l’autre a une possible mare ont pu etre observees. Ces structures sont caracteristiques de la plaine maritime flamande qui borde le sud de la mer du Nord. De nombreux exemples ont ete decouverts sur la cote belge et dans les Pays-Bas actuels. Il s’agit de cercles a l’interieur desquels on place une meule de foin, eventuellement protegee par un toit de protection en chaume. Un espace vide separe cet ensemble des structures dites domestiques. L’effet de paroi forme par certaines entites archeologiques indique peut-etre la presence d’une barriere en materiaux perissables et en tous les cas une structuration de l’espace. La limite nord-est de l’emprise est marquee par la presence d’un puits, d’un four, d’un fond de cabane ou celliers et de fosses depotoirs. Les comblements riches en torchis brules, charbons, faunes et ceramiques sont autant d’arguments qui indiquent la proximite immediate de l’habitat, malheureusement situe en dehors de l’emprise de fouille. Meme si cette vision partielle de l’occupation semble converger vers une interpretation de type habitat, le spectre ceramique de cette phase presente une anomalie. En effet, la surrepresentation des pichets peut plaider en faveur d’un commerce de type taverne. Seulement quelques annees separent la troisieme phase de la deuxieme. Le mobilier ceramique semble indiquer une occupation datee du milieu du XIIIe siecle. Plusieurs changements structurels sont a noter. Le parcellaire fait une rotation a 90° et est oriente desormais nord-ouest/sud-est. Il se compose d’un large fosse en limite sud-ouest et de deux petits fosses paralleles centraux, espaces de 4,50 m, interpretes comme fosses bordiers d’un chemin secondaire. Ainsi se forment deux parcelles, l’une au nord et l’autre au sud. La parcelle la plus au nord a ete moins perturbee par les structures de la phase posterieure. On peut ainsi y distinguer deux ensembles : un premier au sud, avec des structures liees a l’habitat et un second au nord avec des vestiges a vocation domestique. Une partie d’un grand bâtiment excave quadrangulaire a ete mis au jour. La presence d’un coquemar quasi-entier, d’une pierre de seuil et d’une pierre a aiguiser contribue a interpreter cette structure comme une annexe de l’habitat. A l’arriere, une autre fosse quadrangulaire presente les caracteristiques d’une latrine, tandis que les fosses alentours ont du servir a l’extraction de materiau pour la construction des bâtiments hors emprise. Le puits semble toujours utilise. Tout autour s’organisent des fosses-depotoirs et deux celliers sans doute a superstructure en bois. Le contexte geo-politique tres tendu de Frethun au Moyen Âge entraina sans doute de nombreux mouvements de populations face aux differents raids francais et anglais. Le village a fait parti de l’enclave anglaise « Le Pale de Calais » de 1360 a 1558. Apres un hiatus de plus de deux siecles, la parcelle de est de nouveau occupee entre la fin du XVe et le debut du XVIe siecle, avant la reconquete francaise. Les vestiges decouverts peuvent etre interpretes comme une exploitation agricole. Cette derniere se compose de deux bâtiments, disposes en quinconce, s’ouvrant sur une large cour aux multiples structures en creux. Le premier bâtiment dispose d’une fondation en moellons calcaires. Le second bâtiment est symbolise uniquement par un seuil forme de blocs de gres et de calcaire, et par le vide forme par les structures alentours. Une cheminee, formee de briques posees a plat et de chant, se place en son centre. Autour des lambeaux de sol en terre battue ont pu etre identifies. La presence d’un âtre dans cette construction permet d’interpreter cette entite comme le logis de cette exploitation. Les autres structures, concentrees en grande partie pres du premier bâtiment, se constituent de fosses-depotoirs, de possibles latrines et d’un silo piriforme. On denombre egalement six cabanes excavees quadrangulaires de module constant. Deux hypotheses peuvent etre proposees quant a la fonction de ces structures : celle servant d’abri a de petits mammiferes ou celle de laiterie/fromagerie. Cette exploitation agricole est rapidement abandonnee des le debut du XVIe siecle. La parcelle servira alors de champs jusqu’a aujourd’hui.
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