Sémiotique, stratégies, camouflage

2015 
1. Suivre, comme guide Comment parler du rapport entre la semiotique greimassienne et la personnalite de Greimas1 ? Je repondrai a la maniere d’un auteur cher a Roland Barthes, Michelet, qui disait : « On m’accuse d’avoir mis beaucoup de ma psychologie dans mon histoire, mais en realite, en travaillant sur l’histoire, c’est l’histoire qui a fait ma psychologie ». La psychologie de Greimas est un effet de son travail theorique. C’est vrai qu’il y a maintenant quinze ans que Greimas nous a quittes. Mais on peut avoir deux attitudes philosophiques a l’egard de la mort. La premiere est existentialiste : ma mort etant une fin, l’essence de mon travail se comprendra par presupposition a partir de cette fin. Et il y a une autre perspective possible : la mort est l’interruption d’un projet que d’autres peuvent poursuivre. La premiere acception correspond a Heidegger, la seconde a Marc Bloch. Pour faire une phenomenologie de Greimas et de son travail, il faudrait, je crois, ne pas oublier qu’une « phenomenologie » est toujours une phenomenologie des apparences – phainomena – et que phainomena a la meme racine que « phantasmes », « fantomes ». La phenomenologie de l’esprit est aussi une phenomenologie des esprits. Les esprits, les fantomes, viennent, les uns du passe, les autres du futur. Pour sortir de la mythologie du present vecu, phenomenologique, il faut voir le present comme etant toujours habite par les fantomes du passe, et ceux du futur. On commence par le futur: on a un projet, on est habite par les fantomes du futur. Et on revient vers le passe : on fait son choix parmi les fantomes du passe. Apres quoi, on retourne au present. Quel est donc le projet qui nous permet de choisir parmi les fantomes du passe ce qui vaut pour le present? A cet egard, on peut reprendre le mot de Walter Benjamin : Greimas « nous suit, comme guide ». Quel etait son projet ? Et quels sont pour nous, dans ce passe, les concepts pertinents pour aujourd’hui ? Ce n’est pas, par exemple, la connotation. On peut en revanche reprendre, du projet passe de Greimas, cette these : il faut mettre le sens phenomenologique « en condition de signifier », semiotiquement. Pour cela, nous ne devons pas definir des concepts mais les interdefinir. L’interdefinition est creatrice, et non pas tautologique. Il en est ainsi, par exemple, de la theorie des modalites existentielles. On connaissait la virtualisation, l’actualisation, la realisation. Mais que serait le contraire de la realisation, presuppose par la virtualisation et oppose a l’actualisation ? La « potentialisation ». Le carre semiotique peut fonctionner comme un instrument heuristique. On a une
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