Les méningites récurrentes aseptiques sont-elles des maladies auto-inflammatoires ? À propos de 11 cas

2018 
Introduction Les meningites recurrentes aseptiques (MRA) sont definies par la survenue d’au moins 2 episodes de syndrome meninge febrile associee a une pleiocytose a neutrophiles a l’analyse LCR, sans documentation bacteriologique, avec normalisation clinique et biologique entre les episodes. Une fois les diagnostics differentiels ecartes, reste un syndrome sans cadre nosologique clair ni donnees claires concernant l’evolution, les options therapeutiques et les causes genetiques. Notre hypothese etait qu’il s’agit d’une maladie auto-inflammatoire (MAI) avec neuroinflammation comme expression principale. Notre objectif etait de decrire les caracteristiques phenotypiques, evolutives, et genetiques des MRA. Patients et methodes Etude retrospective descriptive multicentrique des cas de MRA adultes recenses en France via le centre de reference des maladies auto inflammatoires adultes. Resultats Onze patients dont 6 femmes, d’âge median 38,5 ans (extremes :10–80 ans) a la premiere poussee ont ete inclus. Il s’agissait de cas sporadiques et non consanguins chez des patients majoritairement caucasiens (9/11). Les principales manifestations cliniques en crise etaient : fievre et cephalees (100 %), arthromyalgies (54,5 %), eruption maculaire ou urticariforme (45,5 %), Poly-adenopathies et/ou hepato splenomegalie (27,3 %), atteinte ophtalmologique (18,2 %) : keratite interstitielle bilaterale avec uveite anterieure ( n  = 1) et infiltration peri-orbitaire ( n  = 1), et douleur abdominale (9,1 %). Les crises avaient une duree moyenne de 9,6 jours [2–21] et une frequence annuelle de 1 a 12/an. Les taux moyen de CRP en crise etaient de 150 mg/L et l’analyse du LCR montrait une hyperleucocytose a polynucleaires neutrophiles, avec une proteinorachie elevee aux alentours de 1 g/l pour 6/11 patients, et une glycorachie normale. L’imagerie cerebrale ( n  = 7) etait anormale dans 27,3 % : myelite transverse C4-C6 et hypersignaux periventriculaire ( n  = 1) hypersignaux flair bi-temporaux et microbleeds ( n  = 1). Les diagnostics differentiels evoques etaient pour tous une infection avec antibiotherapie probabiliste, puis un bilan large avec notamment la recherche de mycobacteries, de bacteries intracellulaires et/ou atypiques (11/11), d’une maladie de Whipple (chez au moins 4 patients/11), puis la recherche d’une maladie auto-immune ou d’une vascularite (8/11), la recherche d’une anomalie cerebrale par IRM (7/11), la recherche d’une neoplasie sous-jacente par TEP scanner (8/11), la recherche d’une myelodysplasie ou d’un lymphome (6/11), la recherche d’un syndrome des hyper IgG4 (3/11), la recherche d’une cause medicamenteuse (2/11), et enfin la recherche des anticorps anti neuronaux type NDMA (2/11). Le delai moyen pour poser le diagnostic de MAI etait de 6 ans [1–24]. Une analyse genetique par la technique Sanger avait ete effectuee chez 7 patients et montre la presence de variants de signification indeterminee a l’etat heterozygote chez 4 patients : MVK ( n  = 1) ; NLRP3 ( n  = 1) ; MEFV ( n  = 1) ; MEFV et TNRFS1A ( n  = 1). Une analyse par sequencage nouvelle generation avait ete realisee chez 2 patients : un variant heterozygote de MVK Q290H a ete retrouve et l’autre est en cours. Les traitements essayes etaient par ordre de frequence : corticoides (10/11) avec une corticodependance (5/11), colchicine (4/11), anti-IL1 (4/11), methotrexate (3/11), anti-IL6 (2/11), immunosuppresseurs (1/11). Ces traitements diminuent la frequence et la duree des poussees. Des recidives ont ete observees a l’arret pour la Colchicine (2/11), les anti-Il1 (1/11), les anti-IL6 (1/11). Les sequelles etaient : asthenie (5/11), trouble de la marche (3/11 patients), fatigabilite musculaire (1/11), syndrome depressif (1/11). Un patient a presente des complications infectieuses severes sous traitement par anti-Il1 (pneumocystose, toxoplasmose retinienne). Conclusion Il s’agit d’une serie de meningites a PNN associees a des symptomes inflammatoires recurrents faisant evoquer une maladie auto-inflammatoire sans qu’aucun patient presente les caracteristiques cliniques et genetiques d’une MAI clairement authentifiee. Chez ces patients, le delai d’evocation d’une pathologie auto-inflammatoire est long, avec un nombre consequent d’explorations faites pour eliminer les diagnostics differentiels, et de nombreux traitements essayes notamment les immunosuppresseurs. Devant la presence de meningite a PNN, apres avoir elimine une pathologie infectieuse, les PNN representant l’immunite innee, le diagnostic de maladie auto-inflammatoire devrait etre evoque ainsi que les options therapeutiques qui en decoulent.
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