Entre procédure et expérimentation : le travail du commun dans les espaces à saisir des appels à projets urbains innovants

2020 
En reponse a un contexte d’austerite urbaine (Tulumello et al. 2020), la Ville de Grenoble a initie en 2014 une demarche d’optimisation de son patrimoine immobilier. En 2017, elle a lance un appel a projets urbains innovants (APUI) (Rio et al. 2019) portant sur 6 bâtiments patrimoniaux sous-exploites juges trop couteux a entretenir. L’APUI visait leur cession a des groupements pluridisciplinaires capables d'en reinventer les usages via des projets qu'ils devaient financer et gerer en autonomie. Bouleversant les procedures classiques de production urbaine, ce dispositif experimental se distingue des “Reinventer” inities ces dernieres annees par d’autres collectivites francaises. Portant sur de petites emprises, l’APUI grenoblois a privilegie des groupements ne comptant aucun promoteur immobilier. Les equipes selectionnees sont constituees soit de jeunes entrepreneurs locaux, soit d’associations diverses oeuvrant dans l'education populaire ou l'insertion et l'hebergement des publics precaires. La Ville a par ailleurs opte pour des baux emphyteotiques plutot que pour des cessions. A ces differents titres, l'APUI donne actuellement lieu a des projets qui "s’affirme[nt] au fur et a mesure de ce qu’il[s] experimente[nt]” (Nicolas Le-Strat, 2009, p. 23). Cette experience tient notamment aux formes d’hybridations procedurales defrichees par les acteurs impliques (public, associatifs et prives) pour reprogrammer les usages d’une “ressource spatiale” dont ils se partagent desormais la responsabilite. Cette communication analyse la trajectoire de l’experience en cours, en mettant l’accent sur les types de coordinations et de negociations qu’elle implique. Nous identifierons ainsi differentes formes de travail du commun (Nicolas Le-Strat, 2016) impulsees par un dispositif melant urbanisme participatif et austerite urbaine. Pour ce faire, nous mobilisons une enquete ethnographique de plusieurs mois menee aupres de la municipalite grenobloise et des collectifs laureats. La communication se focalise d’abord sur la dimension instituante du travail du commun en sondant, pour chaque projet, les dispositifs permettant la coordination et la gestion de la ressource commune : modalites des reunions, distribution des roles, construction de chartes, etc. Dans certains cas, l’encastrement dans des procedures plus classiques et lineaires de la production urbaine (designation d’un maitre d’ouvrage et d’un maitre d’œuvre, etude du besoin, contractualisation avec les acteurs impliques) reduit et encadre fortement le travail du commun. Dans d’autres cas, les coordinations observees procedent d’une methode experimentale plus collective et iterative qui met davantage en debat la maniere dont la ressource est concue et dont sa gouvernance est envisagee. Une seconde focale sur la programmation architecturale des sites permettra de comprendre comment s’organise la compatibilite des usages projetes dans des bâtiments dont la configuration complique parfois le travail engage pour fabriquer du commun a partir de l'existant. Cette analyse permettra de voir comment une experimentation urbaine (Evans et al., 2016) institutionnalisee modifie la division du travail dans la fabrique urbaine (Biau et Tapie 2009) et dont elle engage un travail du commun qui n’est pas sans condition, ni selection des acteurs et des usages autorises a modifier le devenir “d’espaces a saisir”.
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