La « résilience pour la sécurité alimentaire » au Burkina Faso : entre dires, labellisation et (re-)positionnements d'acteurs

2016 
Cette communication ambitionne d’interroger, a partir de cas multi-situes et multi-echelles au Burkina Faso (le national a Ouagadougou, le local dans la Region de la Boucle du Mouhoun), la maniere dont se deploie cette apparente transition. L’objectif fondamental est bien de confronter les differentes dimensions theoriques et empiriques de la resilience alimentaire a differentes echelles d’analyse et d’action. Une premiere difficulte consiste a preciser les termes de la resilience, tels qu’ils sont definis localement ou depuis l’exterieur, par rapport a ceux qui les precedent (adaptabilite, reactivite, securisation, capacites). Le deuxieme enjeu consistera a analyser la maniere dont ils se deploient et dont ils sont reappropries par les differents types d’acteurs impliques, oscillant entre adhesion, accommodement et resignation. Enfin, nous nous efforcerons de restituer les dimensions apparentes et implicites de la resilience alimentaire dans les projets deployes. Au final, la resilience alimentaire – problematique dans sa delimitation, dans sa mise en oeuvre et dans son evaluation – sera etudiee selon trois aspects : l’echelle humaine (individu, menage, societe), l’echelle temporelle (court, moyen, long terme), et l’echelle spatiale (du local au global). Cette communication repose sur des recherches menees dans le cadre du projet collectif « Securisation alimentaire : objets, acteurs et trajectoires d’innovation » mene au Burkina Faso (Universite Paris 1 et le Groupe Nutriset). Des enquetes de terrain ont ete realisees en novembre 2014, en fevrier et septembre-octobre 2015 a Ouagadougou et dans la region de la Boucle du Mouhoun, aupres d’un large panel d’acteurs intervenant dans le champ de la securite alimentaire et nutritionnelle : bailleurs de fonds, institutions de developpement, organisations de solidarite internationale, organisations paysannes, services de l’Etat. Le renversement paradigmatique relatif, exprime et revele par la resilience, est atteste par les emprunts multiples aux documents technocratiques internationaux. Pour autant, son adoption et sa traduction posent de nombreuses questions. Ainsi, meme si des recherches appliquees la mettent progressivement en equation (pour mieux la mesurer et la normaliser), son contenu comme ses limites restent souvent changeants, selon les auteurs, les lieux et les periodes. Les entretiens de terrain semblent aussi confirmer le caractere « faussement » novateur de la resilience : nouveau terme consensuel pour « habiller » des pratiques de long cours ? De meme, les decalages entre objectifs annonces, referentiels mobilises et programmes effectivement mis en oeuvre sont patents. Des lors, est-il pertinent de promouvoir la resilience sans un travail prealable de contextualisation? Entre injonctions martelees, effets d’annonce et postures de legitimation, quelle place est reellement accordee a la resilience sur le terrain ?
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    0
    References
    0
    Citations
    NaN
    KQI
    []