II. Historiens, médecins et scientifiques : la polymathie comme nécessité heuristique ?

2013 
Resume. « Historiens, medecins et scientifiques » : la tentation est grande de reconnaitre sous ces denominations les premieres manifestations d’une specialisation des savoirs, de champs de competences autonomes et de discours accedant, par consequent, a une premiere forme de scientificite. Ces discours savants s’opposeraient tout autant a la polymathie traditionnelle qu’a la sagesse poetique, opposition dont Heraclite serait tout a la fois un acteur et un temoin. Les choses, cependant, sont peut-etre moins simples. Pour Heraclite, d’abord, dont l’attitude vis-a-vis du « savoir nombreux » (fr. 129 DK [1] ) n’est pas aussi tranchee que pourrait le faire croire le fragment 40 DK. Mais egalement pour ses predecesseurs, ses contemporains et les penseurs ulterieurs, qui nous donnent le spectacle non d’une dispersion et d’une diversite de « connaissances » confinant a la confusion, voire au charlatanisme, mais d’une remarquable tentative de saisie d’un objet en lui-meme multiple. Si le savoir est – et doit etre – « nombreux », c’est parce que son objet, la phusis, le lui impose. La phusis, c’est-a-dire la « nature » entendue dans son sens indigene : nature de l’univers, du vivant, de l’homme, de la sante et de la maladie, du corps et de l’âme, des « hauteurs » et des nombres, des dieux et du logos. La polymathie apparait donc comme l’unique moyen permettant une saisie englobante de cette riche diversite, face a laquelle les discours etroitement specialises resteraient impuissants.
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