Les deux corps du traducteur littéraire

2016 
Le traducteur litteraire n’est pas un simple bilingue. Il a une vocation d’etre passeur, entre ses langues et entre ses corps discordants. Comment traduit-on donc entre deux corps ? L’acte de traduction peut se presenter comme une construction du pont joignant deux espaces socioculturels naturellement disjoints et a fortiori deux corps du traducteur, permettant a l’esprit de passer par-dessus en les reconciliant. Mais une separation nette gardee entre les langues semble mieux rendue par la figure de porte, qui maintient separee ce qu’elle relie : une langue rejoint et investit l’autre, sans pourtant se meler. La porte « fermee » dissocie les deux langues en refusant les correspondances faciles, la traduction comme copie conforme, voire « automatique ». En effet, un bon traducteur assume pleinement la resistance du texte source, sa fermeture sur lui-meme. Pour le passer dans l’autre langue, il « ouvre la porte » de la langue cible en y rendant un conflit, une tension inherente au texte, une tension qu’il vit, au fond, entre ses propres corps - entre le propre et l’etranger, l’immediat et l’eloigne.
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