Modélisation de l’évolution longitudinale des symptômes et de leurs prédicteurs chez les survivants de la maladie à virus Ebola en Guinée

2021 
Introduction Des analyses longitudinales sont necessaires pour mieux comprendre l’apparition des symptomes a long terme de la maladie a virus Ebola (MVE) chez les survivants. Les etudes precedentes ont rapporte des analyses transversales ponctuelles a chaque visite d’etude, ignorant l’evolution temporelle des symptomes et leur caractere intermittent entre les visites. L’objectif de cette etude etait d’estimer la prevalence et d’identifier les facteurs de risque associes a l’apparition des symptomes chez les survivants de la MVE en Guinee. Methodes Il s’agissait d’une etude de cohorte prospective de personnes declarees gueries de la MVE en Guinee (PosEtboGui). Chaque patient a beneficie d’une consultation a l’inclusion et tous les six mois jusqu’a 48 mois. Une premiere publication a ete realisee sur les symptomes cliniques a l’inclusion. Dans cette analyse, etaient exclus les patients qui avaient moins de six mois de suivi. Les symptomes cliniques, leurs dates de debut et de fin ont ete enregistres a chaque visite. Les durees des episodes symptomatiques recurrents ont ete estimees en utilisant la methode de Turnbull adaptee pour les evenements censures par intervalles et en utilisant l’imputation multiple. Les estimations et leur Intervalle de confiance a 95 % (IC95 %) ont ete calculees selon la methode de Rubin en constituant cinq bases de donnees imputees et en tenant compte de la variance intra et inter. Une analyse multivariee par le modele de Cox a ete utilisee sur chaque base imputee pour analyser les facteurs de risque associes a l’apparition des symptomes et les estimations moyennes ont ete calculees avec leurs 95 %IC tenant a compte de l’incertitude liee au modele et au processus d’imputation. Resultats Sur 802 gueris de la cohorte, les analyses ont porte sur les donnees de 722 survivants. Parmi eux 320 (44 %) etaient des hommes et 585 (81 %) avaient plus de 18 ans (âge median : 28,7 ans ; intervalle interquartile [IIQ] : 19,6–39,7). Le suivi median des patients etait de 35,7 mois (IIQ : 31,3–41,6). Le nombre median de visites dans l’etude etait de 12 mois (IIQ : 10–16 mois). Au total, 98 % des 722 patients ont signale au moins un symptome au cours du suivi. Dans l’ensemble, la prevalence de tous les symptomes diminue significativement avec le temps, mais les symptomes restent presents 48 mois apres la sortie du CTE, avec une prevalence de 30,68 % (IC95 % : 21,40–39,96) pour les symptomes abdominaux, 30,55 % (IC95 % : 20,68–40,41) pour les symptomes neurologiques, 5,80 % (IC95 % : 1,96–9,65) pour les symptomes musculosquelettiques et 4,24 % (IC95 % : 2,26–6,23) pour les symptomes oculaires. La moitie des patients (50,70 % ; IC95 % : 47,26–54,14) se sont plaints de symptomes generaux deux ans apres leur sortie du CTE et 25,35 % (IC95 % : 23,63–27,07) quatre ans apres leur sortie du CTE. L’hemorragie (rapport de risque [HR] : 2,70 ; p = 0,007), les symptomes neurologiques (HR : 2,63 ; p = 0,021) et generaux (HR 0,34 ; p = 0,003) dans la phase aigue de la maladie etaient independamment associes a la persistance des symptomes oculaires, tandis que l’hemorragie (HR : 1,91 ; p = 0,046) et les douleurs abdominales (HR : 2,21 ; p = 0,033) de la phase aigue etaient significativement associes a la persistance des symptomes musculosquelettiques. Conclusion Les conclusions de cette etude apportent un nouvel eclairage sur les complications cliniques a long terme de la MVE et leur association significative avec les symptomes dans la phase aigue et renforce la necessite d’un suivi regulier et adapte aux survivants de MVE.
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