Intoxication chronique par la méthadone chez un enfant de 18 mois

Objectif Rapporter un cas d’intoxication chronique par la methadone chez un nourrisson, dans le cadre d’un sevrage aux opiaces non medicalise instaure depuis plusieurs mois par sa mere. Description Il s’agit d’un enfant de 18 mois, adresse au CHRU de Nancy par le medecin traitant apres que la mere, patiente toxicomane a l’heroine traitee par methadone, avoue avoir instaure depuis plusieurs mois un traitement de substitution aux opiaces hors de tout controle medical. Elle aurait donne pour la premiere fois de la methadone en sublingual a son enfant, alors âge de quelques jours, afin d’ecourter son hospitalisation en neonatologie ou il etait pris en charge pour un syndrome de sevrage aux opiaces. Sur la periode des 18 mois, la posologie de la methadone sirop (40 mg/15 mL), diluee dans le biberon, a ete augmentee progressivement en fonction des signes de sevrage, de 0,80 mg a 2,67 mg 3 fois par jour. Trois jours et demi apres son hospitalisation, l’enfant a presente un syndrome de sevrage (vomissements, diarrhees, hyperthermie, tremblements, pleurs) necessitant l’administration de morphine a j4. Methodes Les analyses toxicologiques realisees a l’admission (j0) et 3 jours apres (j3) ont consiste a la recherche urinaire des principales classes de stupefiants et de la methadone par immuno-analyse et au dosage plasmatique de la methadone et de son metabolite, l’EDDP, par CG–SM. Elles ont ete completees par une analyse capillaire realisee par CL–SM/SM sur 2 fragments de 2 cm d’une meche de cheveux prelevee apres 8 jours d’hospitalisation. Resultats Les dosages de methadone realises a j0 et j3 ont revele des concentrations plasmatiques respectives de 129 μg/L et  Conclusion Les analyses toxicologiques ont permis de confirmer l’administration de methadone chez l’enfant. La faible concentration plasmatique de methadone et d’EDDP a j3 confirme le syndrome de sevrage aux opiaces. Les resultats des analyses capillaires revelent une exposition de l’enfant a la methadone dans les 4 mois precedant l’hospitalisation mais les concentrations tres elevees et homogenes sur les deux segments sont en faveur d’une diffusion radiale des molecules depuis le sebum le long des cheveux. Neanmoins, la mere declare avoir administre de facon chronique la methadone. La presence des autres molecules, apres interrogation des proches et des medecins de la mere, n’a pu etre expliquee par ses consommations medicales. Un signalement a la Justice a ete realise. Meme si les cas d’intoxication chronique post-natale a la methadone chez les enfants restent peu decrits, ce cas illustre une fois de plus l’apport des analyses toxicologiques au diagnostic et a la prise en charge.