Infiltration granulomateuse alopéciante du cuir chevelu sous mogamulizumab : 2 cas

2020 
Introduction Le mogamulizumab (MOGA) est un anticorps monoclonal ciblant le recepteur des chimiokines CCR4, recemment approuve pour le traitement des lymphomes T cutanes epidermotropes. Les effets secondaires decrits sont des reactions liees a la perfusion, des eruptions, des diarrhees et de la fatigue. Nous presentons ici deux cas de lesions infiltrees granulomateuses du cuir chevelu. Observations Deux femmes de 70 et 73 ans etaient traitees par MOGA pour un mycosis fongoide erythrodermique (T4N0M0B1b) et un syndrome de Sezary (T2N0M0B2). Une reponse complete etait obtenue apres 5 mois de traitement chez la premiere patiente. Apres un an de traitement, apparaissaient des nodules erythemato-squameux alopeciants du vertex. Pour la deuxieme patiente, une reponse cutanee et sanguine excellente etait obtenue au 6e mois (cellules de Sezary passant de 37,5G/L a 0,65G/L), alors qu’elle developpait des plaques infiltrees, erythemateuses et alopeciantes, du scalp avec hyperkeratose folliculaire. Les diagnostics evoques etaient une recidive pilotrope du lymphome, une infection opportuniste ou un effet secondaire du MOGA. Les biopsies revelaient un infiltrat granulomateux peri-folliculaire associe a un infiltrat inflammatoire polymorphe. Les cultures etaient negatives. Des injections intra-lesionnelles de corticoides permettaient une amelioration partielle pour la premiere patiente mais etaient sans effet chez la deuxieme. Devant la remission complete du lymphome, le MOGA a ete arrete chez les 2 patientes avec une disparition des lesions dans les suites. Discussion Dans l’essai de phase III, des effets indesirables cutanes (sans plus de details) de grade 1–2 etaient rapportes dans 20 % des cas, de grade 3 chez 4 %, amenant a l’arret du traitement dans 7 % des cas. Une communication en congres rapporte que ces reactions cutanees sont tres heterogenes sur le plan clinique et histologique : granulomateux, lichenoide, spongiotique, psoriasiforme. Leur survenue est tardive, en moyenne 15 semaines apres l’initiation du traitement. Une autre publication rapporte les cas de 6 patients ayant eu une toxidermie granulomateuse, qui mimait cliniquement une progression de la maladie et qui avaient egalement une tres bonne reponse clinico-biologique. Un arret du MOGA etait necessaire chez 3 des 6 patients. La physiopathologie de ces eruptions pourrait etre liee a la depletion des lymphocytes Treg et a la polarisation Th1 induites par le MOGA, pouvant favoriser la formation de granulomes. Nous decrivons ici 2 cas d’infiltration pseudo tumorale du cuir chevelu, histologiquement granulomateuse, probablement secondaires au MOGA au vu de l’imputabilite chronologique. La biopsie de nouvelles lesions presentees par les patients est indispensable pour differencier une evolution du lymphome d’un effet secondaire du MOGA. Ces toxidermies granulomateuses pourraient etre le temoin d’une bonne reponse oncologique.
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