Tranches de chagrin, Montreuil, L’Insomniaque, 2006. Par Georges Ubbiali

2011 
J.-P. Levaray est ouvrier dans la chimie a Rouen. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont on trouvera des comptes rendus ailleurs sur ce site. Dans ce nouvel opus, il poursuit ses descriptions de l’interieur de la decomposition progressive de la culture ouvriere, dont il est et qu’il revendique. On retrouvera donc une vingtaine de recits et de courtes histoires racontant ce « chagrin », terme utilise jadis pour decrire le travail. Tout un programme. Un programme pas franchement gai, il faut bien le dire, fait de mort, d’accident, de suicide, d’emprisonnement, d’alcool, de fatigue, de desespoir, de desesperance souvent. Le monde que nous decrit Levaray, son environnement de travail, se presente de maniere assez glauque. L’usine chimique est mal entretenue, son personnel vieillit ou est licencie au fur et a mesure des plans sociaux, les solidarites se dissolvent peu a peu. On y apprend autant sur la vie au travail, sur la morale ouvriere que dans de savants ouvrages de sociologie. Ainsi, au detour d’une phrase, dans un recit sur la peur au travail (Peurs en bleus), l’intimite de la vie ouvriere se manifeste en quelques mots : « Jacques me parle de sa trouille, de sa crainte de l’explosion. Il me confie que souvent, le matin, avant de venir a l’usine, il vomit » (p. 105). Ailleurs, le lecteur comprend vite pourquoi il est parfois difficile de supporter ses collegues au travail. Gege apporte son radio cassette pour le
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