Analyse de l’impact sur la prescription d’antibiotiques d’une formation sur leur utilisation raisonnée au sein d’un groupe de médecins généralistes

Introduction En 2015, le groupe de travail special pour la preservation des antibiotiques (ATB) pilote par Jean Carlet, designait la resistance bacterienne aux ATB comme un grave probleme de sante publique et un des moyens suggeres pour preserver les ATB serait d’ameliorer la formation continue des professionnels de sante. L’objectif de ce travail etait d’evaluer l’impact d’une formation ciblee au bon usage des antibiotiques – en particulier « critiques » – d’un groupe de medecins generalistes (MG) comparativement aux autres MG du meme bassin de vie. Materiels et methodes Etude de type « avant – apres » portant l’evolution du taux de prescription d’ATB, en particuliers « critiques », d’un groupe de MG membres d’une association professionnelle (APSA) (n = 6) sur 2 periodes de 1 an precedant (T1) ou suivant (T2) une formation a la prescription d’ATB comparee a un groupe temoin de MG du meme bassin de vie (n = 39) n’ayant pas recu cette formation. Celle-ci etait realisee en interne par l’APSA et portait sur la prise en charge des infections respiratoires hautes et basses, cutanees et urinaires. Les donnees a analyser etaient extraites du Systeme national d’information inter-regimes de l’Assurance Maladie. Les tests de Chi2 de Pearson et de McNemar ont ete utilises. Resultats Dans le groupe APSA, 4063 et 4134 prescriptions d’ATB ont ete enregistrees sur T1 et T2 respectivement, contre 39 260 et 42 383 dans le groupe temoin. Il n’y avait pas de difference significative de repartition des prescriptions selon l’âge de la patientele entre les 2 groupes sur T1 et T2. Sur T1, les 2 groupes etaient comparables sur le nombre de prescriptions d’ATB/100 consultations (APSA 16,5% [n = 4063], temoin 16,5% [n = 39 260] [p = 0,87]). Pour le groupe APSA, entre T1 et T2, il etait observe une diminution du nombre de prescriptions d’ATB/100 consultations (T1 16,5 % [n = 4063], T2 14,1 % [n = 4134], p  Pour les ATB « critiques », pour le groupe APSA, il etait observe, entre T1 et T2, une baisse importante des prescriptions concernant les fluoroquinolones (FQ) (6,7 % [n = 277] a 4,5 % [n = 190]) et les cephalosporines de troisieme generation (C3G) (18,8 % [n = 771] a 9,9 % [n = 413]). La baisse a ete plus moderee pour le groupe temoin (FQ : 5,5 % [n = 2175] a 4,8 % [n = 2057] ; C3G : 12,3 % [n = 4877] a 11,5 % [n = 4899]). Quant a l’amoxicilline–acide clavulanique, sa part de prescription etait stable pour le groupe APSA sur les 2 periodes (T1 9,5 % [n = 390], T2 9,9 % [n = 416]), et diminuait legerement pour le groupe temoin (T1 12,2 % [n = 4821], T2 10,4 % [n = 4445]). Conclusion La formation interne a la prescription d’ATB a permis aux MG du groupe APSA de baisser leurs prescriptions d’ATB et notamment de certaines classes « critiques » (C3G et FQ). Ce modele de formation, simple a organiser, gratuit, convivial et dont les participants en sont les principaux acteurs, meriterait d’etre generalise sur tous les themes prioritaires de sante publique.