Early HIV-1 infection of the central nervous system.

Il est maintenant generalement admis que l'atteinte du systeme nerveux central (SNC) est frequente au cours du syndrome d'immunodeficience acquise (SIDA). En revanche il demeure bien des incertitudes quant a la frequence et la precocite de l'invasion du SNC par le virus, au stade asymptomatique de l'infection par le virus de l'immunodeficience humaine de type 1 (VIH-1); en effet, certains chercheurs continuent de penser que le petit nombre de copies d'ADN viral mis en evidence par amplification genique utilisant la methode de polymerisation en chaine (PCR) correspond aux virus contenus dans les cellules sanguines infectees presentes dans les vaisseaux cerebraux. Dans cette revue, nous avons analyse les anomalies du SNC chez les sujets seropositifs pour le VIH-1, asymptomatiques, au stade de pre-SIDA sous trois angles: les alterations neuropsychiatriques et neurophysiologiques, les anomalies du liquide cephalo-rachidien (LCR), enfin les lesions cerebrales. Nos etudes des cerveaux de seropositifs asymptomatiques ont demontre en particulier que l'ADN proviral du VIH-1 etait present dans environ la moitie (17/36) des cerveaux examines (le nombre de copies d'ADN proviral a ete precise et la possibilite de contamination sanguine calculee et exclue). Nous avons observe tres frequemment une proliferation astrocytaire (34/36) et microgliale (31/36), ainsi qu'une meningite (11/36). L'activation immune du parenchyme cerebral, caracterisee par une augmentation de l'expression des antigenes majeurs d'histocompatibilite (MHC) de classe II, que nous avons demontree precedemment chez les patients morts au stade de SIDA, etait aussi presente chez les seropositifs asymptomatiques, au stade de pre-SIDA. En outre, la mise en evidence d'une augmentation de l'expression de certaines cytokines comme le « tumor necrosis factor » (TNF)-α, et les interleukines (IL)-1, 4 et 6, pourrait rendre compte des lesions neuropathologiques et des alterations neuronales (confirmees par la mise en evidence de neurones apoptotiques par la methode d'in situ end labelling) observees dans ces cerveaux. Nos travaux tendent a demontrer que le VIH-1 est present dans le cerveau des seropositifs aux stades precoces de la maladie et qu'il y provoque des alterations aussi bien directement qu'indirectement. Il s'agit d'une conclusion inquietante qui devrait conduire a reconsiderer le stade de l'infection auquel il convient de mettre en route le traitement antiretroviral.