Un siècle de rapports de genre en musicologie. Les femmes musicologues à la Société française de musicologie et dans sa revue

Cet article retrace l’histoire des femmes a la Societe francaise de musicologie (Sfm) et a la Revue de musicologie depuis leur creation en 1917. A partir d’une analyse comparative de neuf periodiques euro-etats-uniens (la Revue de musicologie, la Revue musicale, Music & Letters, Journal of the Royal Musical Association, The Musical Quarterly, Journal of the American Musicological Society, Archiv fur Musikwissenschaft, Studien zur Musikwissenschaft, Acta Musicologica) et de quatre societes savantes (la Societe internatio- nale de musique, la Sfm, l’International Musicological Society et l’American Musicological Society), l’etude met en evidence la particularite du milieu musicologique francais dans l’entre-deux-guerres. Sans etre epargnees par les rapports de genre, la Sfm et sa Revue eurent des pratiques sensiblement plus inclusives pour les femmes que dans d’autres pays. Cette singularite s’estompa a partir des annees 1960. Dans les annees 1990, l’egalite hommes-femmes progressa dans toutes les revues du corpus, a l’exception de la Revue de musicologie et de Music & Letters ou le phenomene se produisit une decennie plus tard. Plusieurs facteurs ont pu contribuer a la specificite de la Sfm et de la Revue de musicologie en termes d’egalite au cours de son histoire : l’heritage de la SIM, la faible institutionnalisation de la musicologie en France au debut de son histoire, les modes de sociabilite de la Sfm, ou encore la presence continue de grandes personnalites feminines telles que Brenet, Rokseth et Thibault.