Un petit espace en Méditerranée : Les Présides de Toscane au XVIIIe siècle

2018 
Ce travail de recherche se proposait d’etudier le XVIIIe siecle dans un petit espace mediterraneen comme les Presides de Toscane, en en faisant le point de depart pour etudier cette mer et ses transformations profondes.La perspective adoptee est celle d’une Mediterranee des petits espaces, c’est a dire d’une Mediterranee dans laquelle les petites entites territoriales comme les Presides sont considerees comme des elements d’une strategie complexe, des composantes d’un cadre plus large d’echanges et de connexions.En concernant en detail les Presides, a partir du 1557, ils ne sont a aucun moment une entite independante et souveraine. On peut dire, donc, que l’Etat des Presides n’a jamais eu en realite les caracteristiques propres d’un Etat. On peut parler des Presides de Toscane comme d’un espace urbain, regle par des statuts datant du XIIe siecle et, pour cette raison, semblable aux espaces urbains italiens du Moyen-Âge. Ce territoire se caracterise immediatement par la dichotomie entre un espace militaire et un espace urbain. La cohabitation entre ces deux realites separees n’est pas toujours aisee.L’administration du territoire des Presides de Toscane est confiee a un gouverneur militaire. On constate son ingerence dans la gestion administrative mais aussi dans la justice. Les populations locales sont entierement cooptees par le systeme d’assistance fourni par les garnisons. L’economie et les politiques economiques sont conditionnees dans leur presque totalite par des logiques militaires.La structure sociale est heritee de la feodalite medievale. Les sources archivistiques et les journaux des voyageurs decrivent une economie simple, destinee presque exclusivement a satisfaire les besoins de la population locale.Pendant tout le XVIIIe siecle, les Presides sont l’objet d’un jeu de diplomatie superpose, dans lequel se croisent des canaux formels et informels, dans un entrelacement d’affaires et de relations qui depasse le cadre de vie paisible d’un petit espace mediterraneen. Plusieurs chancelleries etrangeres s’interessent aux Presides pour des raisons differentes, en trouvant a Naples un interlocuteur toujours interesse a discuter. Grand-duche de Toscane, Republique de Genes, Autriche, Russie, France post revolutionnaire : tous ces Etats, a un moment donne, discutent avec le secretariat d’Etat de Naples du sort des Presides de Toscane.Les Presides soi-dit de terre ferme (Orbetello, Talamone et le Mont Argentario) subissent une lente et inexorable integration au domaine royal, en se transformant progressivement en une province« normale » : ce processus est acheve avec leur suppression administrative en 1796.Avant ce tournant, toutefois, ce part des Presides devient une possible monnaie d’echange dans les negociations internationales : elle est en effet a plusieurs reprises au cours du XVIIIe siecle un objet de negociations entre Naples et les chancelleries europeennes, d’abord avec l’Autriche dans les annees1760, ensuite avec la France apres la dissolution de la republique de Venise. Entre ces deux moments, il y a aussi un improviste interet russe, auquel Naples ne parait opposer aucune resistance.Au cours du XVIIIe siecle les Presides perdent progressivement leurs privileges et leur statut particulier, faillissent changer domination plusieurs fois, voient l’effondrement de leur systeme economique, se transforment en un centre de trafics illegaux avec un groupe d’independantistes rebelles (les Corses de Pascal Paoli), et subissent le siege des troupes francaises pendant les guerres napoleoniennes.Malgre tous, ils restent un espace que change son importance selon l’observateur, mais qui conserve, independamment du cadre (local ou global) une certaine importance. Du local au global et vice-versa, ce petit espace mediterraneen et de frontiere continue, pendant tout le XVIIIe siecle a entrer dans les traites internationaux, a etre un pion d’echange qui fait encore envie aux grandes et petites puissances.
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