Peste bovine : limites de la sérologie ? Cas de la mauritanie

Au cours d'une campagne de serosurveillance realisee par Remema, le reseau de surveillance mauritanien, la decouverte de deux serums positifs pour la peste bovine (RP) chez des phacocheres abattus dans le sud du pays a abouti a une mini-crise qui a conduit l'OIE a suspendre en septembre 2003 le statut de pays indemne de la maladie, obligeant la Mauritanie a s'engager dans un vaste programme de surveillance du betail et de la faune dans la meme zone, afin d'apaiser l'inquietude de la communaute internationale et des pays voisins. Les deux echantillons reconnus positifs pour le virus de la peste bovine (RPV) faisaient partie d'un lot de 28 serums, collectes entre janvier et mars 2003, grâce a la collaboration d'agents veterinaires et de chasseurs. Ils ont ete analyses par c-Elisa au laboratoire national de Nouakchott (Cnerv), puis ils ont ete re-testes par deux laboratoires de reference regionaux et le diagnostic a ete definitivement confirme par un laboratoire de reference international, l'lAH-Wrlr a Pirbright au Royaume-Uni. En outre, ces deux serums ont aussi ete positifs pour la peste des petits ruminants. Entre octobre 2003 et janvier 2004, 1 889 echantillons bovins et six nouveaux echantillons de phacocheres ont ete recoltes et analyses pour la RP. A l'exception de deux serums bovins positifs, pour lesquels il a ete etabli qu'il existait trop de doutes sur l'intervalle d'âge recommande (âges presumes des deux animaux : 2 et 5 ans), aucun autre cas positif n'a ete rencontre dans la zone. Par consequent, la Mauritanie a regagne son statut de pays indemne de la maladie a la session generale annuelle de OIE en mai 2004 (Paris, France). Les auteurs sont convaincus que la Mauritanie, declaree indemne de la maladie en mai 2003, n'aurait pas du perdre ce statut sur la base des deux seuls echantillons seropositifs. Des donnees cliniques et pathologiques additionnelles devraient etre prises en compte afin d'appuyer ce type de decision. Par ailleurs, il est souligne que les donnees disponibles etaient insuffisantes pour justifier la conclusion d'infection recente par RPV des phacocheres en Mauritanie. Trop de doutes ont persiste sur l'âge des phacocheres, sur la specificite des tests pour le serum des phacocheres et enfin sur l'interference de la PPR dans le diagnostic pose. La presence d'anticorps chez deux phacocheres a ete reconnue, mais ce constat a ete juge incompatible avec les connaissances biologiques et epidemiologiques sur la repartition et la transmission du virus. Enfin, les decouvertes en Mauritanie incitent a une reflexion sur l'utilite du depistage serologique comme outil de verification envers l'eradication d'une maladie lorsque la prevalence estimee est egale ou inferieure a la specificite (dans le cas des bovins seulement) du (ou des) test(s) utilise(s) et lorsque la valeur predictive positive devient donc tres faible, d'ou la necessite d'utiliser plusieurs tests bases sur des methodes differentes.