Poétique de Joseph Joubert. Étude sur la désécriture dans les Carnets

2015 
Ami intime de Chateaubriand et de Pauline de Beaumont, temoin de la Revolution francaise qui a, dit-il, « chasse [s]on esprit du monde reel », Joseph Joubert redige toute sa vie des notes consignees dans deux-cent cinq cahiers et dans des feuillets epars. Ces notes, qu’il ne publiera pas, sont editees par Andre Beaunier dans leur quasi totalite en 1938 sous l’appellation de Carnets. Ce texte proteiforme ressortissant a la poetique du brouillon est envisage dans cet ouvrage sous l’angle d’une notion heritee d’Yves Bonnefoy. La desecriture englobe l’ensemble des mouvements venant faire obstacle a l’elaboration de l’œuvre : les phenomenes de reticences, d’auto-censure, d’hesitations, de deconstruction, de minage, de pudeur qui viennent manifestement gener l’expression, et plus encore toute possibilite d’edification d’une « œuvre » achevee. La poetique de Joubert nait de ces mouvements contradictoires entre un ideal litteraire nettement defini par des criteres etiquetes comme classiques (clarte, ordre, achevement) et une pratique litteraire qui tient cet ideal en echec, mais ce faisant trouve dans le fragmentaire et le provisoire une ethique aussi bien qu’une poetique. La desecriture est en effet aussi une experience de la positivite : contre toutes les impuissances, l’effacement des mots se revele comme puissance d’affirmation.
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