Le paludisme vu des tranchées: Le cas de la Côte d'Ivoire en 2002-2003

2003 
○ A la suite des evenements politiques de Cote d'Ivoire, des forces francaises sont intervenues dans le pays a partir du 22 septembre 2002 dans le cadre de l'Operation Licorne. Du 22 septembre au 20 octobre, 37 cas de paludisme ont ete declares, soit un taux d'attaque de 35,7 cas pour 1000 hommes-mois. A partir du 11 octobre, la Direction centrale du service de sante des armees decide d'adopter une chimioprophylaxie unique pour tous les militaires en Cote d'Ivoire par doxycycline a la dose de 100 mg par jour et un renforcement des mesures de lutte anti-vtictorielle est mis en œuvre. Le taux d'incidence diminue pour atteindre 2 pour 1000 hommes-mois au 6eme mois. En avril, avec la saison des pluies, une recrudescence du paludisme est observee avec un taux d'incidence de 15 cas pour 1000 hommes-mois. Durant cette periode, un cas de paludisme grave avec coma est evacue en metropole. Afin d'identifier les facteurs responsables de cette recrudescence, plusieurs enquetes sont realisees en mai 2003: une enquete mesurant le niveau de connaissances sur le paludisme, l'observance de la chimioprophylaxie et les effets indesirables attribues a la doxycycline, une enquete cas-temoins pour identifier les facteurs lies a la survenue de l'acces palustre et une enquete entomologique. Les connaissances sur le paludisme sont bonnes, 75 % des 477 sujets interroges declarent qu'une seule piqure de moustique peut suffire a transmettre le paludisme. L'enquete cas-temoins montre que les oublis dans la chimioprophylaxie sont associes a la survenue des acces (p<10 -5 ). L'oddsratio est a egal a 3,05 (intervalle de confiance a 95 % 1,52-6,14) pour les sujets declarant un oubli ou mobis par semaine et a 7,51 (IC95 % 3,24-17,40) chez ceux declarant plus d'un oubli par semaine. Ladoxycycline est bien toleree avec 72 % de sujets ne rapportant aucun effet indesirable. Le vecteur principal est Anopheles gambine, le nombre de piqure-homme-nuit est de 25 a 34 piqures et le taux d'infection est de 2 a 3 piqures infectantes par semaine. La prise en charge des cas est rapide. Le traitement est la quinine a la dose de 25 mg par kilo en 3 prises quotidiennes pendant 7 jours, en perfusion infra-veineuse puis par voie orale. Cette operation montre que le paludisme reste une preoccupation pour les armees, qu'une uniformisation des procedures de prevention dans les situations d'urgence est necessaire, qu'il est indispensable de renforcer encore les mesures de lutte anti-vectorielle, de controler la prise quotidienne de la chimioprophylaxie et de maintenir le dispositif de prise en charge therapeutique avec un medecin par poste de secours. Ces recommandations doivent S'appliquer a l'ensemble des militaires fraucais en Cote d'Ivoire.
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