Automédication par antibiotiques des pharmaciens d’officine

2020 
Introduction L’automedication d’antibiotiques (ATB) est une pratique frequente parmi les professionnels de sante. A notre connaissance, aucune etude n’a ete menee a ce sujet aupres des pharmaciens d’officine (PO). L’objectif de ce travail etait d’etudier la prevalence et les caracteristiques d’automedication (AM) par ATB des PO. Materiels et methodes Cent dix officines ont ete selectionnees aleatoirement parmi les 451 d’une region francaise. Un questionnaire anonyme a ete distribue a tous les PO titulaires ou adjoints et retourne par enveloppe pre-timbree. Resultats Sur les 250 questionnaires delivres,198 ont ete retournes par les PO (79,6 %) : 73,2 % (n = 145) etaient des femmes, 52,5 % (n = 104) des titulaires, 72 % (n = 143) consultaient parfois un medecin et 25,3 % (n = 50) en avaient consulte un il y a plus d’un an. L’ AM dans l’annee precedente par medicaments a prescription medicale facultative concernait 97,2 % des PO (n = 192) et par ceux a prescription medicale obligatoire (PMO) 86,4 % (n = 171). Cent huit PO (58,4 %) s’etaient automediques des PMO de la classe des ATB (topiques inclus). Cent quarante-trois molecules d’ATB (hors topiques) ont ete consommees par AM : penicillines a 46 % (n = 66) dont 75 % (n = 54) d’amoxicilline (AMX) ; cephalosporines a 17 % (n = 25) dont 60 % (n = 15) de cefpodoxime ; fluoroquinolones (FQ) a 8 % (n = 11), fosfomycine trometamol (FT) a 13 % (n = 19), azithromycine a 6 % (n = 8). L’AM par FT concernait exclusivement les femmes, surtout de moins de 45 ans (79 %, n = 15 ; p = 0,04) et par cefpodoxime et amoxicilline-acide clavulanique (AMC) surtout les PO titulaires (87 %, n = 13, p = 0,005 et 83 %, n = 10, p = 0,002). Les principales infections declarees etaient : respiratoires (IR) hautes (28 %, n = 40) et basses (6 %, n = 9), urinaires (IU) (20 %, n = 29). Un tiers des indications n’etait pas renseignees. L’AMX et les cephalosoporines orales (CO) etaient les molecules principalement prises dans les IR hautes (50 %, n = 20 et 30 %, n = 12), l’AMX et l’AMC dans les IR basses (66 %, n = 6 et 22 %, n = 2), la FT, les FQ et les CO dans les IU (48 %, n = 14 ; 31 %, n = 9 et 13 %, n = 4). Cent douze (57 %) des PO interroges avaient deja delivres des ATB a leurs proches sans prescription medicale. La majorite des PO etait d’accord sur le fait que l’acces facile aux medicaments (92,9 %, n = 184), le manque de temps (78,3 %, n = 155) et des connaissances medicales et therapeutiques suffisantes (87,3 %, n = 173) expliquaient leurs pratiques d’AM. Conclusion Cette etude montre une pratique frequente de l’AM d’ATB chez les PO pour des infections communautaires, autojustifiee par des connaissances medicales suffisantes. Les consommations par classes d’ATB different peu de celles decrites dans les rapports de consommation ville ce qui pose la question d’un mimetisme de l’usage et du choix des ATB par rapport aux prescriptions medicales que les PO honorent. Ils utilisent des ATB critiques (FQ, CO et AMC) qui ne sont pas toujours recommandes en premiere intention pour les indications declarees. Il est d’actualite d’autoriser les PO, sous certaines conditions, a delivrer des ATB, sans prescription medicale. Il convient donc de les sensibiliser et de les former continuellement au bon usage des ATB.
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