John Ruskin on natural shape and ornamentation and the birth of art nouveau

Cette these porte sur la theorie esthetique de John Ruskin et son influence sur les arts europeens dans la deuxieme moitie du 19e siecle. Elle a pour but d'expliquer l'origine de la ligne« en coup de fouet» qui caracterise l' Art Nouveau, mais elle est aussi une recherche «genealogique» sur les multiples usages de lignes courbes dans l'art moderne, le but etant de demontrer dans les deux cas le role joue par l'esthetique de Ruskin. Au niveau methodologique, l'approche privilegiee est inspiree des travaux de R. G. Collingwood et de Michael Baxandall. Il est aussi question de mettre en contexte l'œuvre de Ruskin et son impact au 19e siecle en faisant appel·au fait qu'il a prefigure ce que nous appelons aujourd'hui l'anthropocene. Devant les ravages de l'industrialisation, il a voulu reformer la societe britannique sur le modele des guildes medievales, en faisant revivre les arts traditionnels et en encourageant une ethique de la consommation et la protection de la nature. Dans son esthetique, presentee dans les chapitres 1 a 3, il avait d'abord renverse les canons de son epoque, pour presenter les arts visuels comme une exploration des emotions ressenties au contact de la nature, ces emotions n'etant pas projetees sur celle-ci, mais le resultat de l'apprehension d'un ou des «aspects» de celle-ci. Dans cette 'Theoria', qu'il developpera en une « phenomenologie », un «lien moral » avec la nature est etabli, qui se retrouve au cœur du projet de reforme sociale, presente au chapitre 4. Dans celui-ci, est aussi presente l'impact de Ruskin sur la societe britannique a travers entre autres son enseignement, menant a la creation de nombreuses guildes et au mouvement des Arts and Crafts. Ruskin voyait dans l'etude de la nature le moyen pour abstraire les lignes courbes qui seraient utilisees dans l'ornementation, et le chapitre 4 se conclut sur une etude de l'evolution de la ligne courbe de William Morris a A. H. Mackmurdo et d'autres tels que C. R. Ashbee et C. F. A Voysey, menant aux portes del' Art Nouveau. Le chapitre 6 contient une etude de la transmission des idees esthetiques et sociales de Ruskin et Morris et de ces lignes courbes aux Belges, Olivier-Georges Destree, Georges Lemmen, Henry Van de Velde, Gustave Serrurier-Bovy, Paul Hankar et Victor Horta. Ce sont ces artistes qui accentuerent la courbe pour produire celles qui devinrent emblematiques de l' Art Nouveau. On est en droit de se demander pourquoi les Britanniques, tels que Walter Crane, Lewis F. Day ou C. R. Ashbee rejeterent avec vehemence ces nouveaux developpements lorsqu'ils en prirent connaissance, ce qui est etudie dans la deuxieme partie du chapitre 6. Il y a pourtant des developpements paralleles de la courbe, par exemple chez Aubrey Beardsley, Margaret Macdonald & Charles Rennie Mackintosh, Mary Seton Watts et Archibald Knox. Pour mieux comprendre la transmission aux milieux artistiques belges et la reception de l'Art Nouveau en Grande-Bretagne, le chapitre 6 est precede d'un chapitre ou la construction sociale du concept d'Art Nouveau est analysee en details. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLES DE L’AUTEUR : Ruskin, Arts and Crafts, Art Nouveau, abstraction, ornementation, ligne