Ce que les métropoles nous cachent: un examen des disparités spatiales de croissance de l'emploi en France entre 1999 et 2012

2017 
De plusieurs points de vue, la metropolisation donne le sentiment d’etre un mouvement emportant tout sur son passage qui structure fortement les economies regionales, mais plus surement encore les representations que l'on s'en fait. Les metropoles s'affirment peu a peu comme le nouveau denominateur commun de l'analyse et de la conduite de politiques regionales. Les plus recentes analyses sur leur pouvoir de polarisation ne disent pas l’inverse et annoncent meme une accentuation du phenomene dans l’avenir (Laine, 2017). On peut lire en effet que les metropoles sortent triplement « confortees » a l’issue de la periode recente. Elles le sont d’abord au regard du niveau sans precedent de concentration spatiale des activites economiques, et en particulier, les plus creatrices de valeur. Elles le sont ensuite par leur incarnation d'une economie fortement integree, diversifiee et moderne : les metropoles auraient ainsi amorti beaucoup mieux que la majorite des autres territoires les effets de la crise de 2008 du fait de leur faible specialisation economique et – non sans lien – de leur capacite a fournir des secteurs porteurs de croissance. Ce renforcement des metropoles vient enfin de la poursuite des mesures de decentralisation en France et, avec la loi Maptam, de l'octroi d'un statut de droit public aux metropoles, les rendant desormais incontournables danse la construction politique de nos territoires (Vanier, 2013). Il existe peu de voix pour contester cette mise en ordre de marche de nos territoires, mais il reste encore des questions sur la facon dont la metropolisation peut se mesurer, les formes et les contours que les metropoles peuvent prendre ou encore sur l’effet d’ombre que ces dernieres peuvent produire quant aux autres evolutions qui agissent et qui differencient nos territoires, en parallele (Bouba-Olga et Grossetti, 2015). Force est de constater que la metropolisation demeure tres largement un phenomene spatial non delimitee que l'on aborde au travers de mailles statistiques qui ne sont pas toujours bien taillees pour repondre a ce besoin. Ce point est important car la definition de ce qui fait le dedans et le dehors s'en trouve modifie. En outre, le creusement des differentiels de croissance n'est pas une signature propre aux metropoles ; ces differentiels se reproduisent a differentes echelles qui – chacune a leur maniere – eclairent les dynamiques spatiales qui font ou defont nos territoires. Tous ces elements sont a l’origine de cette proposition de communication. Elle part de l’hypothese que la metropolisation est fort probablement un processus a geometrie variable, qu’elle donne certainement a voir des realites spatiales et economiques variees selon les situations regionales, et qu’elle ne condamne pas de facon systematique tous les territoires et toutes grilles d'analyse qui sortent de l’orbite metropolitaine. C’est du moins ce qu’on pouvait deduire de travaux anterieurs (Shearmur, Terral et Polese, 2013). Si cette approche, plus spatiale qu’economique, se defend dans les debats actuels, c’est que la tendance actuelle est a une politisation et a une « geographisation » croissantes des problemes de developpement des territoires (Behar, 2013). C’est pourquoi il existe un reel enjeu a apporter des reponses precises a l’evolution des frontieres des phenomenes a l’œuvre. Methode et resultats attendus. La dynamique spatiale de l’activite economique se presente sous une perspective differente selon qu’on l’aborde par le PIB, le revenu, ou bien l’emploi. Pour l’examen qui nous interesse ici, le choix se porte sur l’emploi, une variable facilement localisable a des echelles tres fines, et qui peut temoigner avec precision de l’evolution des trajectoires economiques des territoires. L’analyse des dynamiques spatiales s’appuie ainsi sur un examen des variations d’emploi (par secteurs d’activite et categories socio-professionnelles) a partir de plusieurs zonages et sur differents pas de temps (1999-2007 et 2007-2012) afin de capter les eventuelles bifurcations produites par la crise de 2008. Notre demarche se deroule en plusieurs etapes. Une premiere famille de resultats cherchera a illustrer dans quelle mesure les evolutions successives des frontieres des unites spatiales de collecte – en somme, le maillage –, contribuent a amplifier ce qu’on met sur le compte de la metropolisation. Puis, dans une deuxieme etape, a partir d’une decomposition spatiale et economique de la croissance d’emploi, nous nous poserons la question de savoir si les dynamiques de l’emploi peuvent montrer d’autres directions que la metropolisation, et auquel cas sous l’effet de quels facteurs. Par-dela les oppositions traditionnelles entre metropoles au reste du monde habite, nous cherchons a documenter la pluralite des differentiels de croissance aussi bien internes qu'externes aux metropoles.
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