L'amour des controverses rend aveugle

Dans cet article, nous defendons l'idee qu'une approche latourienne des phenomenes environnementaux peut se passer d'une analyse par les controverses. Dans un premier temps, nous tentons de mettre au jour la capacite heuristique et pedagogique des conflits et controverses et les raisons pour lesquelles ces cas apparaissent si seduisants pour la recherche. Puis, nous expliquons pourquoi il faut aussi s'en mefier, et eventuellement se detourner d'eux pour saisir la complexite d'une cite verte en train de se faire. En effet, nous pensons, a la suite de Latour, que cette cite deborde " ce qu'elle dit d'elle-meme " (Latour 1995). Dans un second temps, nous proposons donc une approche decontroversee des modes de faire experimentaux qui se donnent a voir sur notre terrain d'etude : la gestion des parcs et jardins. En abordant les pratiques propres a ce champ par un prisme singulier se resumant a " comment faites-vous pour agir quand-meme ? " (c'est-a-dire, en depit des debats, conflits, tiraillements dans lesquels les acteurs sont pris), nous eclairons une multiplicite de liens mais aussi des manieres d'agir surprenantes, innovantes qu'il est delicat de " faire parler ". Nous constatons que ces reseaux et pratiques embrouilles peinent a se rendre publics, voila pourquoi nous n'y aurions sans doute pas eu acces avec une approche par les controverses. Ceci nous amene a ouvrir le texte sur plusieurs questions : que peut-on dire de ce qui marche mais ne s'inscrit pas encore dans une legitimation publique ? A quel moment ces modes de faire et de se lier deviennent-ils legitimes ? Enfin, quel est le role du chercheur dans cette epreuve ?