Pourquoi la peur des ours et des épidémies n’est-elle pas automatique ? Ce que Peirce apporte à l’analyse des peurs dans la constitution des problèmes publics

2017 
L’apport des travaux de Ch.S. Peirce a l’etude des emotions est souvent meconnu. Pourtant, ses echanges epistolaires avec W.James au sujet de la peur des ours, sont a l’origine d’une reflexion feconde. Retrospectivement, on peut considerer que ses analyses permettent de depasser des clivages qui structurent encore les etudes contemporaines sur les emotions. Elles invitent, tout d’abord, au depassement de l’opposition entre l’exploration interne et l’observation des manifestations externes des emotions. En qualifiant les emotions d’hypotheses, Peirce refuse aussi de reduire leur indetermination. Enfin, il opere un glissement d’une interrogation sur les objets des emotions a celle des situations dans lesquelles elles prennent naissance. Le but de cet article consiste a mettre ces trois specificites a l’epreuve de la peur des maladies et des epidemies dans les societes contemporaines, et de leur constitution en problemes publics. Cette etude empirique porte sur le probleme de l’antibioresistance, source de nombreuses pathologies ou de difficultes grandissantes a soigner des maladies jusque-la curables au moyen d’antibiotiques, et sur la production des discours catastrophistes qu’il a generes. Si les discours catastrophistes sont d’abord apparus comme un moyen commode de susciter la peur afin de changer les comportements en matiere d’antibiotherapie, ils ont aussi generes des critiques. Ces debats meritent attention car ils sont revelateurs de manieres de concevoir la peur, et son role dans la communication des problemes de sante publique. En retour, les theories de Peirce eclairent de maniere efficace leur absence d’ancrage dans des situations concretes et sensibles.
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