Efficacité et tolérance de l’interféron-alpha dans les syndromes hyperéosinophiliques. Étude rétrospective, multicentrique sur 29 patients

2018 
Introduction Les syndromes hypereosinophiliques (SHE) sont une entite rare, potentiellement grave, au cours de laquelle il existe peu d’options therapeutiques. Les traitements habituellement recommandes dans les formes non liees a la deletion FIP1L1/PDGFRA sont les corticoides et en cas d’echec l’interferon-alpha (IFN-α), l’hydroxyuree ou le mepolizumab (dans un cadre protocolaire). Les donnees de la litterature sous-tendant l’utilisation de l’IFN-α au cours des SHE sont limitees a de petites series avec un suivi a court terme. Patients et methodes Nous avons realise une etude multicentrique, retrospective, descriptive, visant a evaluer l’efficacite et la tolerance de l’IFN-α au cours des SHE non lies a FIP1L1/PDGFRA. Les reponses hematologiques complete (RHC : eosinophiles  3 ) et partielle (RHP : eosinophiles entre 500 et 1000/mm 3 ou baisse de plus de 50 %), ainsi que la dose de corticoides et la tolerance etaient analysees a 1, 3, 6 et 12 mois apres le debut du traitement par IFN-α. Resultats Vingt-neuf patients (dont 9 femmes) d’âge moyen au diagnostic 38 ± 13 ans ont ete inclus. Quinze patients (52 %) avaient un SHE idiopathique, 10 (34 %) un SHE lymphoide, et 4 (14 %) un SHE clonal. Les manifestations cliniques les plus frequentes etaient l’atteinte cutanee (69 %) et l’atteinte digestive (31 %). L’IFN-α etait utilise sous forme pegylee chez 16 patients a une dose moyenne de 113 ± 45 μg/semaine et sous forme non pegylee chez 13 patients a une dose moyenne de 12 ± 9 MUI/semaine. Un mois apres le debut de l’IFN-α, 24 patients (83 %) etaient repondeurs dont 16 en RHC. A 1 an, 16 patients etaient toujours sous IFN-α dont 9 etaient en RHC et 7 en RHP. Le traitement par IFN-a etait associe a une baisse notable de la dose journaliere moyenne de prednisone de 20 ± 16 mg/j avant traitement, a 11 ± 6 mg/j a 6 mois et a 9 ± 9 mg/j a 1 an. Apres une duree mediane de 15 mois (1 a 161 mois), 21 patients (72 %) ont interrompu l’IFN-α suite aux effets indesirables (27 %) ou a une perte d’efficacite (31 %). Au terme du recueil, 8 patients etaient encore sous IFN-α avec une duree mediane de traitement de 21,5 mois (3 a 161 mois) dont 6 en RHC et 2 en RHP. Chez 7 d’entre eux, l’IFN-α pegyle etait utilise a la dose d’entretien mediane de 50 μg/semaine avec maintien d’une epargne cortisonique (dose journaliere mediane de prednisone a 5,5 mg/j). Conclusion L’IFN-α apparait comme etant un traitement efficace des SHE corticoresistants ou corticodependants non lies a la deletion FIP1L1/PDGFRA. Son efficacite peut se maintenir au long cours et a faible dose chez pres d’un quart des patients avec une bonne tolerance. Neanmoins une perte d’efficacite ou des effets indesirables justifient l’arret de l’IFN-α dans la majorite des cas, rendant necessaire le developpement de therapeutiques alternatives ciblant specifiquement l’eosinophile.
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