Cadrage cannibale. Les photographies de Tristes Tropiques

2018 
Les premieres pages de Tristes Tropiques condamnent avec virulence les recits d’exploration et « albums de photographies » consacres a des populations pretendument primitives. C’est en particulier l’usage manipulateur du cadrage que Levi-Strauss denonce. Pourtant, la publication en 2001 du journal de Luiz de Castro Faria, anthropologue bresilien qui l’accompagnait lors de sa deuxieme expedition, a montre que les celebres photographies des Indiens nambikwara qu’on trouve dans Tristes Tropiques etaient elles-memes souvent cadrees de tres pres, evitant la ligne telegraphique ou le poste missionnaire a l'arriere-plan, sans parler de la presence meme des ethnographes en casque colonial. Comment comprendre ce paradoxe, qui frole la contradiction ? Faut-il en conclure, comme beaucoup de critiques l’ont fait, que Levi-Strauss a ete pris a son propre piege, qu’au fond, son livre participe a la mystification qu’il condamne, et que l’esthetique photographique de Tristes Tropiques en est la preuve la plus eclatante ?
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