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Corps au travail, corps travaillés

2018 
Le dossier de ce numero 14 de la Nouvelle Revue du Travail sur « Corps au travail, corps travailles » interroge la perte d’interet des sciences humaines pour le corps au travail : le deplacement du travail ouvrier – lui-meme moins penible physiquement – vers le travail des bureaux et des services a fait glisser les centres d’interets de nos disciplines, y compris parce que la fatigue mentale a occupe, au moins en France, le premier plan de nombre de recherches. Enprenant appui sur des terrains contrastes, ce Corpus propose de questionner a nouveaux frais, l’enrolement et l’engagement du corps au travail. En faisant dialoguer les sociologies du corps et du travail, c’est toute la palette des multiples expressions du corps travaille qui se deploie : le corps energie a laquelle renvoie la metaphore du « moteur humain » saisi comme un lieu de projection du pouvoir, le corps sensible vu comme puissance d’agir et rapport pratique au monde, le corps socialise enchâsse dans les differents rapports sociaux se jouant dans le body work, ou encore, le corps « marchandise » pense a travers les modes d’appropriation capitaliste dont il peut faire l’objet. Les six articles de ce Corpus rouvrent la boite noire du corps au travail. Qu’il s’agisse des corps mobilises par les scaphandriers travaux publics ou par les coursiers a velo chez Deliveroo qui experimentent de nouvelles techniques spatio-temporelles. Les corps des educateurs specialises sont engages a travailler (sur) les corps de « jeunes de quartier » ou d’enfants « intellectuellement deficients » et donnent a voir la variete des regimes de corporeite impliques dans le travail social. Enfin, les corps des ouvriers de l’industrie et du BTP atteints de cancers ou ceux transformes en echantillons organiques par les biobanques revelent comment le travail peut franchir les barrieres de la peau. Dans la rubrique Varia, la rationalisation de la tournee des facteurs de La Poste a les effets attendus d’une automatisation d’un processus qui ne tient pas compte de la realite du terrain et surcharge les journees : le remplacement d’un modele fonde sur la confiance et la negociation chez les fonctionnaires d’hier par une prescription tendue contribue a une deterioration des conditions de travail de salaries aujourd’hui titulaires de contrats de droit prive. Le deuxieme article analyse un paradoxe : aux Etats-Unis et ici a Oakland, ce sont plutot les ouvriers travaillant dans le bâtiment qui choisissent leur patron ou leur employeur momentane, en raison d’une ethnicisation pratique de ceux-ci, c’est-a-dire par un classement plus ou moins explicite selon leurs qualites de patrons. Le troisieme article montre comment des chomeurs sont radies en Belgique parce que les voies de recherche d’emploi qu’ils utilisent ne correspondent pas aux normes administratives : en l’absence de preuves tangibles, ces pratiques ne sont pas reconnues comme legitimes et disqualifient certains chomeurs aux yeux de l’institution qui les exclut. La Controverse relance le debat sur le travail et l’emancipation. De Marx a aujourd’hui la dispute se situe autant dans le travail qu’au dehors du travail. Quatre specialistes se penchent sur les perspectives d’une « emancipation laborale », c’est-a-dire sur les possibles ouverts ou a ouvrir dans le travail, a partir des questions extremement pointues de la NRT. Au-dela de la simple remise ne cause de l’organisation capitaliste du travail, les auteurs tracent des voies pertinentes et contemporaines d’une emancipation dans et par le travail. La rubrique Materiaux propose et debat autour d’un entretien, tres distancie, realise avec Marie L. teleconseillere pour une grande mutuelle francaise. Entre non-reconnaissance, perte de sens, sentiment de declassement et peur de trouver pire ailleurs, Marie aborde, dans une approche reflexive, nombre de thematiques du quotidien professionnel : rationalisation des operations, sante au travail, tensions entre temporalites, relations de travail, systeme d’emploi, etc. Champs et contrechamps interroge deux sociologues a propos du film Nos batailles (2018) : au-dela de la qualite de la description du travail dans un atelier de logistique, le debat porte plutot sur le rapport travail/hors-travail et plus particulierement sur le non-partage des tâches domestiques... jusqu’au depart du foyer de l’epouse qui laisse les deux enfants a la charge du pere. L’article souligne la coherence des choix de cadrage et de mouvements de la camera avec les contenus des sequences et avec les emotions que le realisateur souhaite faire partager. Ce numero de la NRT se clot par une petite dizaine de recensions et de notes de lecture critiques.
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