L'approche cognitive de la psychose à l'épreuve de la clinique

2011 
A l’ere du chiffrage de la pensee et de la physicalisation des faits psychiques, les sciences cognitives ambitionnent de fonder une nouvelle clinique scientifique qui rendrait caducs d’une part le savoir psychiatrique « precognitif » et d’autre part l’enseignement transmis par la psychanalyse freudienne. A partir de l’etude de travaux representatifs du programme cognitif applique a la psychose, nous montrons qu’il concerne une psychose unique, la schizophrenie, laissant de cote les autres psychoses. Celle-ci resulterait d’une alteration d’une fonction cognitive specifique : la fonction qui regle l’action verbale ou motrice (action monitoring). Nous mettons en question cette explication. D’une part, loin d’etre un nouveau paradigme, cette causalite mentale renoue avec les theories mecanicistes et organicistes de la psychiatrie. D’autre part, confrontee a la clinique, l’approche cognitive des psychoses revele des paradoxes qui rejoignent les controverses ouvertes au sein meme des sciences de l’esprit. Elles concernent l’identite esprit-cerveau et cerveau-computer. Il y a des trous dans l’explication cognitive. Nous soutenons que ces lacunes sont un reste qui est la marque du sujet de l’inconscient freudien. Il ouvre sur le « champ des symptomes » (Lacan) et sur une autre causalite : la causalite libidinale. Par consequent, la psychose est une position subjective singuliere par laquelle le sujet tente de nouer son etre de jouissance dans son rapport au langage et a la parole. Des lors le delire du psychose est non pas un epiphenomene, mais une invention (machina), une tentative autotherapeutique. Le dispositif analytique peut l’aider a cerner ce reel.
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