À rebours de l’oculocentrisme : le toucher en esthétique

2018 
Le recent essai d’Herman Parret, La Main et la Matiere. Jalons d’une haptologie de l’œuvre d’art, s’ouvre sur des textes de Paul Valery portant sur le role de la main, du tact et de la matiere dans la creation artistique ; il se referme sur des dessins de mains par le meme Valery, lequel se dit fascine par la « concentration du saisir et du sentir »1 qu’elles constituent. En se placant ainsi sous l’egide de Valery et en suivant son impulsion, H. Parret se propose de reconsiderer la pensee esthetique et opere alors un double renversement de perspective : plutot que d’envisager la production d’un jugement esthetique au sujet d’une œuvre d’art, il s’agirait de mettre l’accent sur l’experience esthetique, sensorielle et corporelle, qu’est susceptible de susciter une pratique artistique, dans sa dimension sensible ; plutot de conferer une preeminence au sens de la vue et de prendre avant tout en compte les qualites optiques d’une œuvre d’art, il s’agirait d’ancrer la vision dans une corporeite et de reevaluer l’importance accordee au toucher. C’est ainsi une « hypothese haptologique » (p. 5)2 que H. Parret cherche a degager en parcourant les textes de differents philosophes qui traitent de l’esthetique, du xviiie siecle a la fin du xxe siecle. L’auteur de La Main et la Matiere, qui est lui-meme philosophe, specialiste de philosophie de l’art et du langage (Professeur emerite a l’Universite de Louvain en Belgique), a deja eu l’occasion de questionner la reflexion esthetique et le r
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    0
    References
    0
    Citations
    NaN
    KQI
    []