« Dégager l’écoute de ce qui se passe »

2015 
LhT : Dans les entretiens que vous avez donnes, vous revenez souvent sur votre propre implication dans les films que vous tournez, sur la place qui est la votre par rapport a l’objet et a la situation dont vous etes le temoin. Il vous arrive d’opposer, a ce propos, la camera observante a la camera participante, comme deux positions que vous avez connues. A quoi tient le sentiment que, parfois, vous ne pouvez pas participer et qu'il vous faut rester un pur observateur ?Raymond Depardon : Tout depend de la demarche de depart. Quand j'ai entrepris de filmer le monde rural, par exemple, je me suis lance dans un long reperage au cours duquel j'ai effectue de nombreux entretiens. D’ailleurs, dans les faits, c’etaient plutot eux qui me posaient des questions, notamment les paysans des Cevennes, meme si cela se faisait toujours avec une tres grande elegance. Je me suis alors retrouve a boire le cafe chez eux le matin ; j'avais repere que, de neuf heures a midi, il y avait comme un temps faible dans le monde rural. J’ai rapidement compris qu’ils se moquaient completement de mon passe, de mon histoire et que je devais plutot m’expliquer sur ce que je cherchais, ce que je venais faire. Ils ne se genaient pas pour ironiser sur mon âge, notamment les freres Privat, difficiles d’acces au debut. Ils etaient etonnes de me voir avec « de vieux appareils » et me lancaient : « Vous ne devez pas etre bien connu, vous ne devez pas etre celebre... ». Ils me testaient. Ca ne m’etonnait pas parce qu
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