Pratiques de nature populaires et écologisation du territoire
2016
Beauduc, plage du littoral camarguais, fait depuis
plusieurs decennies l’objet d’une appropriation sociale de l’espace
relevant des couches populaires locales. Celles-ci y erigent des
cabanons, sans droit ni titre, formant le support de pratiques de
sociabilite, de nature et de loisirs et leur multiplication aboutit a
la constitution d’un lieu a soi, favorisant
l’entre soi. Improbable utopie populaire, cette zone de non droit est
egalement le lieu d’un ressaisissement et d’un epanouissement d’une
citoyennete active. L’action associative et militante des usagers,
soutenus localement, permet a ces modes d’habiter le littoral d’etre
eriges en biens culturels, eventuellement « patrimonialisables ». S’y
cotoient, sans toutefois se melanger, nouveaux usages sportifs,
loisirs balneaires et pratiques plus traditionnelles du territoire de
type peche et cabanon. Ces pratiques sont
cependant loin de faire consensus quant a leur legitimite et leur
valeur culturelle. Contestees dans leur existence meme par l’appareil
legislatif (loi Littoral), elles sont egalement largement decriees
d’un point de vue environnemental par les instances locales et
nationales de protection de la nature. Severement sanctionnee en 2004
par des operations de demolition menees par le Prefet de region, cette
action collective « deviante » est aujourd’hui confrontee a l’arrivee
du Conservatoire du littoral. Ce nouvel acteur public amene a une
requalification de l’espace, dans laquelle cette action collective
peine a prendre place et a faire valoir sa pratique citoyenne, son
mode d’habiter le littoral et le rapport a la nature dont elle est
porteuse. La question que propose d’examiner cet article est la
suivante : quels elements de distorsion cognitive autour du rapport a
la nature bloquent la (re)connaissance de cette citoyennete
active ?
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