Un exemple de sédentarisation de la culture des ignames : le cas des kokoro (Dioscorea rotundata) au Bénin

Le Benin est un important producteur d'igname et occupe le quatrieme rang mondial. La production a fait preuve, comme dans l'ensemble de la sous-region Ouest Africaine, d'un dynamisme remarquable au cours des dernieres decennies avec une augmentation annuelle de 3%, passant de 530,000 tonnes en 1961-63 a pres de 1,5 millions de tonnes en 1996-98 soit une multiplication de la production par 2,8 en 35 ans. Cette expansion s'explique principalement par l'augmentation des surfaces cultivees par defrichement qui sont passees dans le meme temps de 61,000 a 135,000 hectares. Le rendement moyen a peu evolue, les techniques de cultures restant traditionnelles. Cette situation est semblable dans le reste de la sous region. Cependant, au dela de la permanence du caractere traditionnel de cette production, des mutations importantes se sont produites avec une adaptation de la production a la demande commerciale notamment avec l'emergence d'une filiere de transformation en cossettes. Cette transformation est majoritairement basee sur l'utilisation des varietes du groupe Kokoro, varietes tardives (Dioscorea rotundata) a multiples petits tubercules. Du point de vue agronomique, les Kokoro donnent lieu, au moins dans certaines regions, a une integration de l'igname dans des systemes de cultures relativement fixes. Pour l'igname, traditionnellement infeodee a la defriche brulis, c'est une situation nouvelle en Afrique. A ce titre ces varietes presentent un interet evident pour le maintien de l'igname dans les systemes de culture en voie de sedentarisation et la limitation des defrichements agricoles. (Resume d'auteur)