Autogreffe de cellules souches hématopoïétiques dans la maladie de Takayasu réfractaire, une série rétrospective du groupe de travail des maladies auto-immunes de la société européenne de greffe de moelle (EBMT)

2020 
Introduction L’arterite de Takayasu (TA) est une vascularite granulomateuse chronique des gros vaisseaux, touchant le plus souvent les femmes jeunes, caracterisee par un epaississement arteriel et une fibrose entrainant stenose et occlusion vasculaire. Plus de 10 % des patients sont refractaires au traitement immunosuppresseur conventionnel et presentent un risque eleve de complications vasculaires. La greffe autologue de cellules souches hematopoietiques (AHSCT) est apparue comme une option therapeutique prometteuse chez les patients atteints de diverses maladies auto-immunes graves et refractaires. Plusieurs etudes de cas et de petites series de cas ont demontre l’efficacite et l’innocuite potentielles de l’AHSCT pour les vascularites systemiques, en particulier chez les patients atteints de vascularite a ANCA et dans la maladie de Behcet. Cette etude, approuvee par l’ADWP, evalue l’utilisation de l’AHSCT chez des patients adultes suivis pour une maladie de Takayasu refractaire. Patients et methodes Il s’agit d’une enquete retrospective sur les patients inclus dans la base de donnees de l’EBMT entre 1998 et 2019. Les criteres d’inclusion etaient les patients majeurs, suivis pour une maladie de Takayasu refractaire. Les donnees collectees comprenaient le diagnostic, les lignes de traitement anterieures, le regime de transplantation, la morbidite liee au traitement, ainsi que les donnees sur l’evolution de la maladie et leur traitement. La remission a ete definie comme l’absence de signes d’inflammation ou d’aggravation de l’atteinte vasculaire. Resultats Six patients adultes traites par AHCST entre 2003 et 2019 pour une maladie de Takayasu refractaire ont ete inclus. Cinq patients etaient des femmes (83 %), l’âge median etant de 25 (9–39) ans au moment du diagnostic et de 28 (22–41) ans au moment de l’AHSCT. Avant l’autogreffe, des symptomes generaux etaient presents chez tous les patients (malaise n = 6, perte de poids n = 3, fievre n = 2, cephalees n = 2). L’atteinte vasculaire consistait en une claudication arterielle (n = 5), une carotydinie (n = 5) et une anisotension (n = 3). Deux patients presentaient une atteinte renale, avec une hypertension arterielle et une proteinurie. La proteine C reactive mediane etait de 40 mg/l (14,2 a 160). Le score NIH a ete consigne chez 4 patients, avec un score median de 1,5 (1–4). Tous les patients ont ete pretraites avec une mediane de 6 (4–8) lignes de traitement. Ces traitements comprenaient une corticotherapie systemique (chez 6 patients), le methotrexate (5 patients), le cyclophosphamide, le mofetil mycophenolate ou infliximab (4 patients), le tocilizumab ou etanercept (2 patients) et autres DMARD biologiques ou synthetiques classiques. La mobilisation a ete realisee avec du cyclophosphamide 2 g/m2 (4 patients) ou 4 g/m2 (2 patients) en association avec le facteur de stimulation des colonies de granulocytes (G-CSF). Le conditionnement comprenait du cyclophosphamide chez 5 patients, associe a de la fludarabine chez un patient. Tous les patients ont recu du serum antithymocytaire de lapin (SAL). Apres l’autogreffe, 4 patients ont recu du G-CSF pendant une periode mediane de 5 (5–6) jours. La prise de greffe, definie comme des neutrophiles > 500/mm3 et des plaquettes > 20 G/L, a ete detecte a une mediane de 8 (5–13) et 8 (5–11) jours, respectivement. Tous les patients presentaient une maladie active avant l’AHSCT. Six mois apres la transplantation, la remission a ete obtenue dans tous les cas, et elle a persiste a 12 mois dans 5 cas. Quatre patients ont reactive le TAK a un delai median de 27 (7–52) mois apres l’AHSCT, et trois ont repris un traitement immunosuppresseur. Au cours du suivi, aucun des patients n’a presente de tumeur maligne secondaire et une patiente a fait une fausse couche. Le suivi median etait de 9,9 (1–14) ans. Au dernier suivi, tous les patients etaient en vie, 2 patients etaient en remission (hors traitement), 2 patients s’etaient ameliores par rapport a l’inclusion, et 2 patients etaient en remission complete et partielle, respectivement, sous traitement immunosuppresseur. Conclusion Cette petite serie retrospective demontre que l’AHSCT peut permettre une amelioration clinique significative chez certains patients TAK refractaires, avec un profil de tolerance acceptable. Par consequent, l’AHSCT pourrait etre consideree comme une “option clinique” pour ces patients, avant le developpement d’une fonction vitale d’organe. Un suivi a long terme est necessaire.
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