Syndrome de relargage cytokinique induit par le cémiplimab : premier cas

2020 
Introduction Le cemiplimab, inhibiteur de PD-L1, est indique dans le traitement du carcinome epidermoide cutane avance lorsque la chirurgie ou la radiotherapie ne sont plus indiquees. Nous rapportons ici le premier cas d’un syndrome de relargage cytokinique induit par le cemiplimab. Observations Un patient de 62 ans, aux antecedents de polyarthrite rhumatoide et de coronaropathie, etait traite par cemiplimab (en ATU de cohorte) pour un carcinome epidermoide interfessier avec extension ganglionnaire iliaque et inguinale inoperable. Dix jours apres la 2e perfusion, le patient etait hospitalise pour une alteration de l’etat general febrile. Les explorations bacteriennes (hemocultures repetees, serologies tularemie, fievre Q, bartonellose), virales et fongiques etaient negatives. Un scanner montrait une progression de la maladie avec aspect necrotique d’une adenopathie inguinale. Les cultures bacteriologiques et mycobacteriologies sur biopsie de cette adenopathie etaient negatives. Malgre 4 lignes d’antibiotherapie a large spectre, le patient restait febrile avec une bonne tolerance hemodynamique. Un syndrome de relargage cytokinique (SRC) (CTCAE grade 2) etait suspecte conduisant a l’arret de l’antibiotherapie et a l’initiation d’une corticotherapie a 1 mg/kg, permettant un amendement de la fievre en 24 h. Compte tenu de l’evolution favorable, une 3e perfusion de cemiplimab etait administree 7 jours apres l’arret de la fievre sous couvert de corticotherapie. Six jours apres, le patient presentait de nouveau des pics febriles avec hypotension necessitant une admission en soins intensifs et un support noradrenergique (grade 3). Le cemiplimab etait arrete definitivement. Le patient decedait 3 mois apres la derniere perfusion. Ce SRC a ete declare a la pharmacovigilance via l’ATU de cohorte. Discussion Le SRC, caracterise par une production massive d’interleukine, d’interferon et de TNF alpha, est une complication rare mais pouvant menacer le pronostic vital chez des patients sous immunotherapie. Quelques cas ont ete rapportes sous inhibiteurs de point de controle anti-PD-L1 (nivolumab et pembrolizumab), anti-CTLA4 (ipilimumab) dans diverses neoplasies avec le plus souvent une fievre mal toleree au premier plan. Nous rapportons le premier cas sous anti-PD-L1. L’origine infectieuse est le plus souvent evoquee et traitee, pouvant retarder le diagnostic et la prise en charge. Le traitement du SRC peu severe est symptomatique. Une corticotherapie generale a forte dose peut etre envisagee. Dans les formes severes, l’utilisation de tocilizumab a ete proposee. Il s’agit en general d’un effet de « premiere dose » qui ne se reproduit pas sur les perfusions ulterieures. Le SRC est une complication rare de l’immunotherapie. Le differencier precocement d’un syndrome infectieux permet une prise en charge adaptee et un pronostic plus favorable.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    0
    References
    0
    Citations
    NaN
    KQI
    []