Nutrition parentérale du prématuré et apports en aluminium

L’aluminium (Al), element tres largement repandu, est a l’origine de nombreuses contaminations dont celle des solutions injectables utilisees pour la nutrition parenterale. Les petits volumes, tels que solutions de gluconate de calcium ou de sels de phosphate, sont les plus touches. Les grands volumes, solutions de glucose, d’acides amines et emulsions lipidiques, sont peu contamines. Le premature, de par son besoin d’une alimentation parenterale, est particulierement expose au risque d’intoxication aluminique : mecanismes protecteurs de la barriere gastro-intestinale non mis en jeu et fonction renale immature. De nombreuses publications ont mis en evidence des concentrations plasmatiques elevees en Al chez les prematures alimentes par voie parenterale. L’augmentation de l’excretion urinaire de l’Al qui en resulte est insuffisante, d’ou un phenomene d’accumulation au niveau du tissu osseux. Recemment, chez le premature, l’apport d’Al par l’alimentation parenterale prolongee a ete associe a un retard du developpement neurologique. Les services de reanimation infantile et de pharmacie du CHI de Montreuil ont estime les apports moyens en Al des solutions de nutrition parenterale pour prematures. Ces apports d’Al sont de l’ordre de 13 a 30 mug/kg/j, ce qui pour la Food and Drug Administration est considere comme unsafe, c’est-a-dire pouvant entrainer une accumulation au niveau des tissus sans dysfonctionnement tissulaire apparent. Une substitution du gluconate de calcium par le chlorure de calcium, vingt fois moins riche en Al, permettrait de reduire de 80 % ces apports. Cette substitution doit tenir compte du risque de precipitation entre le calcium et le phosphate et de l’augmentation induite de l’apport en ions chlorures. Il semble donc souhaitable que la contamination par l’Al des solutions injectables soit reellement prise en compte par l’industrie pharmaceutique et les pouvoirs publics.