Tatouage, enquête nationale d’opinion auprès des médecins généralistes

Introduction En France, les patients ont recours a leur medecin traitant en premier lieu, avant de consulter un specialiste si necessaire. Les medecins generalistes peuvent se retrouver face a des patients atteints de maladies chroniques, ou recevant un traitement au long cours, souhaitant se faire tatouer sans pouvoir les conseiller de maniere adaptee en l’absence de recommandations ou de donnees scientifiques evaluant ce risque. « Tatou MG » est un travail visant a etudier l’opinion des medecins generalistes a propos du tatouage en fonction de differentes situations pathologiques. Materiel et methodes Etude nationale transversale realisee aupres des medecins generalistes et des internes de medecine generale. Via un questionnaire anonyme, nous avons ainsi evalue leur opinion sur le tatouage chez les patients atteints d’une maladie chronique, dermatologiques ou generales, ou recevant differents traitements. Resultats Nous avons interroge 281 medecins (158 internes et 123 medecins theses ; âge moyen 33 ans) d’octobre a decembre 2020. Parmi les medecins, 71,5 % travaillaient en liberal ; 21,6 % avaient une opinion defavorable sur les tatouages, et seulement 11 % des medecin ayant observe des complications des tatouages. Seuls 16,7 % avaient observe des complications sur tatouage. La majorite d’entre eux pensait que le tatouage pouvait poser probleme chez des patients atteints de dermatoses chroniques (71,2 %), immunodepression (64,1 %) ou cancer (58,4 %) ; 56,9 % estimaient qu’etre expose au soleil ou a des UV artificiels pouvait poser probleme chez les personnes tatouees. Les medecins etaient opposes a la realisation d(un tatouage en cas de psoriasis (81,5 %) ou eczema (74,4 %) non controles, sur des naevus (75,4 %), ou des zones de radiotherapie (55,2 %). Cette opposition s’exprimait aussi pour une immunodepression (57,3 %) ou un diabete non equilibre (56,2 %). Enfin, la majorite des medecins generalistes s’opposaient a la realisation d’un tatouage du fait de certains traitements: chimiotherapies (70,8 %), phototherapie medicale ou recreative en cours (55,2 %) et anticoagulants (52,0 %). Il existait peu de differences entre internes et medecins. Discussion Bien que la plupart des medecins generalistes avait un avis plutot favorable ou « neutre » par rapport au tatouage, la presence de maladies chroniques, notamment dermatologiques, ou de certains traitements entrainait une opposition assez importante de leur part quant a la realisation d’un tatouage chez leurs patients. Ces donnees contrastent avec le fait que peu de medecins generalistes ont deja constate des complications liees au tatouage. Les medecins generalistes craignent la survenue de complications liees au tatouage dans le cas ou le patient est atteint de certaines maladies chroniques ou sous certains traitements. La redaction de recommandations s’appuyant sur des donnees robustes parait necessaire.