La bioérosion des substrats magmatiquesen milieu littoral: L'exemple de la presqu'ile du Cap Vert (Sénégal Occidental)

Resume Les roches magmatiques (principalement des dolerites et des basanites) et les cuirasses ferrallitiques du littoralrocheux de la presqu'ile du Cap Vert sont diversement soumises aux processus de bioerosion. Faible pour les basanites et les cuirasses ferrallitiques, la bioabrasion et la biocorrosion sont importantes pour les dolerites. Ces roches sont colonisees par des microorganismes perforants, essentiellement des champignons appartenant notamment au genre Ostracoblabe et sont activement forees par l'oursin Echinometra lucunter . Les champignons colonisent tout l'etage mediolittoral, plus particulierement sa moitie superieure, ainsi que la partie inferieure de l'etage supralittoral. E. lucunter affecte la partie inferieure de l'etage mediolittoral ainsi que le sommet de letage infralittoral. Les examens de lames minces ont permis de determiner les modalites de l'infestation par la microflore. La densite des differents macroorganismes susceptibles d'avoir un role significatif dans la bioabrasion a ete estimee dans chacun des horizons de letage mediolittoral. L'activite de forage de E. lucunter a ete suivie sur une periode suffisante (21 mois) pour proposer un ordre de grandeur des quantites erodees annuellement. L'approfondissement des alveoles d'habitation est de l'ordre de 1 mm/an dans les dolerites de la moitie inferieure de l'etage mediolittoral, alors qu'il n'est que de 0,4 mm/an environ dans les cuirasses ferrallitiques associees. La masse de substrat erode peut aller jusqu'a 2 050g/m 2 /an environ dans l'horizon inferieur des basses mers ou la bioerosion est la plus active, puis decroit rapidement dans les horizons situes plus hauts. La bioerosion des dolerites du littoral du Cap Vert est un processus actif; a l'echelle du Quaternaire, son impact sur la morphologie et le recul de la cote est certainement significatif.