La ciguatéra : 25 ans d’expérience du Centre Antipoison de Marseille

2019 
Resume La ciguatera est une intoxication frequente en zone tropicale. Depuis 1993, le Centre Antipoison de Marseille travaille sur le sujet de la Toxinologie marine et des intoxications par produits de la mer. Les auteurs rapportent l’experience de ce service sur la ciguatera de 1993 a 2017. Quarante-neuf intoxications ont ete etudiees concernant 175 patients (25 cas avec un seul patient et 24 cas collectifs avec 2 a 30 patients). Cent douze patients etaient des touristes de metropole intoxiques durant leurs vacances et 62 patients etaient des habitants d’Outremer intoxiques chez eux. Un seul patient, un marin civil, a ete intoxique lors de son activite professionnelle. L’espece de poisson incriminee a ete identifiee dans 70 % des cas et appartenait alors majoritairement a trois familles : 10 merous (Serranidae), 5 barracudas (Sphyraenidae) et 5 vivaneaux (Lutjanidae). Les intoxications ont eu lieu en Atlantique dans 23 cas (98 patients), dans l’ocean Indien dans 12 cas (53 patients) et dans l’ocean Pacifique dans 14 cas (24 patients). Au total, 61 % des cas de ciguatera (30/49 dossiers) ont ete pris en charge au cours de la derniere decennie. Les symptomes sont apparus entre 2 a 12 heures apres le repas contaminant, et le tableau clinique de la phase initiale etait variable selon l’origine geographique. Tous les cas en Atlantique ont debute par des signes digestifs, alors que plus de 50 % des cas dans la region Pacifique n’ont jamais presente de signe gastro-intestinal, avec alors un tableau initial domine par des signes neurosensoriels d’emblee comme des paresthesies et/ou des dysesthesies. Un cas mortel a ete collecte en 1999 : un homme de 73 ans est decede d’un arret respiratoire brutal apres ingestion d’un barracuda dans un restaurant local a Cuba. L’evolution des 174 autres patients a ete classique avec des symptomes persistant plusieurs semaines (63 % des patients), voire plus d’un trimestre (18 % des patients). Trente-six pour cent des patients de cette serie ont rapporte des episodes de rechute des signes neurologiques (paresthesies, dysesthesies, allodynie, prurit) plusieurs mois apres l’intoxication, et ce apres consommation de boissons alcoolisees ou de chair de poisson. De tels episodes de resurgence sont rapportes dans la litterature mais leur mecanisme physiopathologique reste mysterieux.
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