Étude rétrospective de 65 cas de morsures thoraciques

2015 
Les plaies de morsures sont une cause frequente de traumatisme chez les carnivores. L’apparence du traumatisme superficiel reflete peu souvent la severite des lesions tissulaires dans les plans profonds [1–3] . La paroi thoracique est frequemment affectee par les morsures (22 a 35 %) : ces traumatismes peuvent engendrer des consequences serieuses et potentiellement mortelles. Une prise en charge rapide et exhaustive doit donc etre realisee. Cependant, elle est peu codifiee voire reste controversee [3,4] , et la litterature est peu fournie sur ces traumatismes. L’objectif de cette etude retrospective est de decrire la prise en charge medicale et chirurgicale dans 65 cas de morsures de la paroi thoracique, et d’avancer des recommandations pour une demarche therapeutique adaptee. Materiel et methodes Une etude retrospective (2000–2013) des cas de morsures de la paroi thoracique a ete menee. De nombreux elements cliniques ont ete etudies : informations du patient, animal mordeur, courbe respiratoire, severite de la lesion, lesions radiographiques, intervention chirurgicale (exploration de plaie ou thoracotomie), duree d’hospitalisation, complication, survie et suivi telephonique a long terme. La severite des lesions a ete appreciee par leur profondeur : superficielle, profonde ou perforante. La prise en charge des plaies a ete classifiee en traitement non chirurgical, exploration de la plaie ou thoracotomie exploratrice. Les radiographies ont ete analysees (pneumothorax, epanchement pleural, contusions pulmonaires fractures de cotes). Les donnees ont ete analysees l’aide de tests de Fisher et de Mann-Whitney. Resultats Soixante-cinq cas de morsures thoraciques ont ete releves, chez 62 patients (54 chiens et 8 chats). Parmi les chiens affectes, les Caniches, Chihuahuas et Yorkshires sont les plus representes, pour un poids moyen de 9,8 kg. Huit patients ont ete presentes en dyspnee (13 %) et 30 avec une courbe respiratoire normale. Parmi eux, 20 % presentaient au moins une lesion radiographique. La dyspnee n’est pas correlee a la mortalite ou a la realisation d’une intervention chirurgicale. Treize chiens ont ete presentes avec un volet costal et 53,8 % de ces patients ont subi une thoracotomie exploratrice. La presence d’un volet costal est correlee avec un nombre important de lesions radiographiques (a minima 4) et a la presence d’un pneumothorax. La majorite des patients presentaient un traumatisme superficiel ou profond, tandis que seuls 8 patients presentaient une plaie perforante, ces derniers ayant fait l’objet d’une thoracotomie exploratrice. Soixante-huit pour cent des chiens et 100 % des chats presentaient au moins une lesion radiographique (52 % de contusions pulmonaires, 46 % de fractures de cotes, 34 % de pneumothorax, 16 % d’epanchement pleural). La presence de fractures de cotes est significativement correlee a la presence d’un epanchement pleural et a la realisation d’une thoracocentese. Vingt-huit pour cent des patients ont fait l’objet d’une thoracotomie exploratrice et 17,2 % d’une exploration chirurgicale de la plaie. Une discontinuite de la paroi thoracique etait la lesion la plus frequente (46,4 %). Une thoracotomie exploratrice est associee a une augmentation de la duree d’hospitalisation mais pas a un risque de mortalite plus eleve. La mortalite dans cette etude est de 16,1 %. Aucun facteur n’a pu etre mis en correlation avec un risque de mortalite accru. Sept chiens ont developpe des complications postoperatoires mineures. Parmi les patients dont le suivi long terme est disponible (56 %), aucun animal restitue n’est decede des suites d’une complication de la morsure. Discussion Seuls 13 % des patients ont ete presentes en dyspnee alors que 20 % des chiens avec une courbe respiratoire normale presentaient au moins une lesion radiographique. La presentation clinique n’est donc pas representative du bilan lesionnel, ce qui confirme les observations de Scheepens [4] . Dans notre etude, 20 % des patients presentaient un volet costal, dont plus de la moitie ont subi une thoracotomie exploratrice, ce qui contraste avec les 78 % de volet costal dans l’etude de Scheepens. Une thoracotomie a ete menee chez 28 % des patients : le volet costal et une lesion perforante sont des criteres decisionnels. La thoracotomie n’est pas correlee avec un taux de complication ou de mortalite plus eleve. Malgre une demarche d’exploration chirurgicale systematique des plaies de morsure, seule la moitie des patients a subi une intervention, ce qui oblige a conserver une vision critique de la prise en charge initiale. La mortalite dans l’etude est de 16 %, ce qui est similaire a l’etude de Scheepens [4] . Aucun des chiens rendu a ses proprietaires n’est decede de la suite de la morsure : une fois le chien sorti de l’hopital, le pronostic est donc excellent. Conclusion Les plaies profondes et perforantes doivent faire l’objet a minima d’une exploration chirurgicale systematique, et d’une thoracotomie exploratrice si une breche de la paroi thoracique est observee. La thoracotomie n’est pas associee a un taux de mortalite plus eleve et doit donc intervenir tot dans la prise en charge de ces cas.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    3
    References
    0
    Citations
    NaN
    KQI
    []