Les spécificités de l’immunologie…

2006 
> Voici un brillant panorama sur les grandes questions de l’immunologie contemporaine que nous tracent des auteurs prestigieux rassembles par Armand Bensussan pour ce numero de medecine/sciences. Ici, pas de longues revues ou s’empilent des details experimentaux, ni de condense trop simplificateur, mais la juste mesure pour ceux qui voudraient etre « a flot » pour leur culture generale en immunologie. Dans un laboratoire, la premiere difficulte que rencontre un etudiant (on pourrait d’ailleurs en dire autant du jeune clinicien dans sa salle de patients) est d’acquerir une connaissance convenable de la litterature, et le premier devoir de son mentor est de le guider dans cette demarche cruciale. Rappelons d’abord aux plus jeunes que nous avons vecu un changement radical avec l’avenement du « bon genie » Pubmed : la donne a radicalement change, car elle n’est plus dans la recherche des informations qui se deversent maintenant apres un simple clic, a la vitesse de la lumiere, dans nos ordinateurs personnels. L’envers de la medaille, cette surabondance, nous impose de savoir choisir. Sur quels criteres ? Paul Valery, dans son Discours de l’Histoire1, nous a livre quelques cles aussi utiles pour les sciences du vivant que pour l’analyse historique : « Il s’est passe [...] une infinite de choses observables, qu’il faudrait une infinite de mots, de livres, et meme de bibliotheques pour [les] conserver a l’etat ecrit. Il faut donc choisir, c’est-a-dire convenir [...] de l’importance du fait, et cette convention est capitale [...]. Mais l’importance est toute subjective. L’importance est a notre discretion [...] ». C’est, je crois, la chose la plus utile que peuvent nous apporter ces belles revues : nous aider a evaluer l’importance des choses de l’immunologie d’aujourd’hui et nous guider dans les choix des recherches, experimentales ou cliniques, que nous devrons faire. On nous offre ici, manifestement, deux grandes sortes de revues : celles qui ont trait a l’organisation generale du systeme immunitaire, et celles qui se tournent davantage vers l’immunopathologie. Mais, que la question soulevee l’ait ete a propos de la decouverte d’une disposition fondamentale du systeme immunitaire ou a propos d’une pathologie engageant le systeme immunitaire, ce qui frappe a leur lecture, c’est plutot la sorte de continuite qui les lie. Cela tient-il a ce que le systeme immunitaire, contrairement aux autres systemes, ne saurait se concevoir hors du pathologique, reste toujours determine par le pathologique, tandis que les autres systemes se fondent sur le physiologique ? Cela tient-il aux us et coutumes de notre discipline ? C’est une vue hautement convergente sur l’organisation generale du systeme immunitaire que dessinent les esquisses tracees ici. On nous rappelle que les lymphocytes possedent deux proprietes fondamentales : ils ont une disposition clonale, en termes de specificite du recepteur pour l’antigene dont ils sont equipes, disposition source de la tolerance au soi, mais aussi de la possibilite de regler differemment la reponse a deux agresseurs distincts ; il y a egalement l’heterogeneite des populations lymphocytaires, fondee sur les rapports phenotype-fonction, et qui parait s’accentuer chaque jour. Cette complexite des populations lymphocytaires, dans le respect de leur clonalite, impose des processus de differenciation qui soient a sa mesure. Pourquoi et comment une si profonde relation entre le phenotype d’une cellule et sa (ses) fonction(s) ? L’article de Georges Bismuth et d’Alain Trautmann (➜) permet de visualiser les interactions des recepteurs de surface au cours de la communication entre les cellules du systeme immunitaire (synapse immunologique). L’engagement de ces recepteurs a la surface d’un lymphocyte conditionne etroitement sa capacite a repondre, a se paralyser ou a entrer en apoptose a la rencontre de tel ou tel ligand produit dans telle ou telle condition physiopathologique : le fameux modele du double signal reste toujours utile plus de trente ans apres sa conception. Les modalites du premier signal sont conditionnees par le processus d’appretement des antigenes. Peter Van Endert nous decrit simplement le processus pourtant complexe de l‘appretement des peptides antigeniques presentes par les molecules HLA de classe I (➜). Enfin, l’une des acquisitions les plus significatives au plan de nos concepts a ete d’abolir la frontiere stricte qui paraissait separer l’immunite specifique de l’immunite naturelle. (➜) page 721 de ce numero
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